Il y a bien sûr des réussites de mise en scène à peine discutables, comme toujours chez Hitchcock. Melanie qui fume et ne voit pas les corbeaux se rassembler peu à peu derrière elle et combler le ciel ; la scène du restaurant, où le prophète de malheur enthousiaste, l’experte imperturbable et la mère de famille affolée tentent de dialoguer ; la scène catastrophe à la sortie de l’école. Ces trois scènes ne tiennent qu’en une vingtaine de minutes dans le film. Quoi qu’il en soit, il a su déceler le potentiel horrifique des oiseaux, de leurs cris désynchronisés et stridents, de l’effet du nombre et de la puissance que leur confère le fait qu’ils volent. Tout ça est certes brillant mais n’intervient qu’à l’amorce de la deuxième moitié du film.
La première heure consiste en une banale mise en place de la situation initiale et en une présentation des divers personnages qui constitueront le film, sans que les oiseaux n’y tiennent autre chose qu’une place anecdotique, clairement pour la forme. Pas évident de se passionner pour ce chafouinage très basique entre une fille à papa et un fils à maman qui s’ennuient. D’ailleurs, la deuxième partie du film laisse complètement en plan ce qu’elle avait amorcé avec ces personnages. L’évolution de la mère de Mitch, dont dépendait toute la suite, est interrompue par la situation, et Hitchcock choisit de conclure son film sans rien dire de ses personnages. Il a conçu chaque moitié de film en oubliant d’y inclure l’autre.
Je préfère encore quand Hitchcock assume pleinement de ne faire des films que par pur plaisir de mettre en scène certaines de ses idées et oublie un peu au passage d’y incarner ses personnages. Là, je trouve qu’il nous fait subir pour rien une histoire sans ressorts et à la psychologie balourde