Si quelqu'un devait fouiller dans mon profil il pourrait constater que j'aime bien parler d'oeuvres méconnues, souvent à juste raison, mais que j'ai écrit peu de critiques sur des films considérés comme des classiques. J’en ai bien vu quelques uns et continue à le faire, mais généralement je n’exprime pas mon avis. Parce que je n’ai pas grand-chose d’autre à dire de plus que mes petits camarades.
Pour Les Parapluies de Cherbourg, c’est donc le cas : je n’ai rien à dire de plus, je n’ai pas vraiment d’angle supplémentaire à apporter. Mais je participe à la longue liste d’avis pour le simple fait d’avouer mon admiration pour ce film et de proclamer tout l’amour ressenti pour lui. Que j’ai aimé découvrir ce film ! J’ai été tellement bouleversé que je l’écris ici même. Ami lecteur, tu l’auras compris : tu ne trouveras pas grand-chose sur le film dans cette critique. Mais si tu es curieux, commence par la page Wikipedia et quelques avis de mes chers voisins.
Jacques Demy voulait faire de sa création un film à mouchoirs, aller chercher la larmichette. J’ai un mal fou avec les drames, tant certains tics m’énervent. Si j’entends un violon, vous me verrez lever les yeux au plafond, les gros plans sur les faciès déformés par des émotions trop fortes me font bailler, les décors miséreux m’amusent, et j’en passe.
Il y a doit y avoir un peu de ça dans Les Parapluies de Cherbourg, mais j’ai été tellement emporté que je n’ai vu aucun de ces clichés. On y trouve surtout une histoire poignante, des personnages déchirés par leurs tourments. Mais le génie de Demy, c’est d’en faire un film entièrement chanté, avec des personnages touchants, dans des décors aux couleurs forcées. Comme une comédie musicale américaine mais avec un discours social, avec une mélancolie acérée, cruelle.
Cela surprend au début, et je peux comprendre qu’on ne puisse pas accrocher, même si je trouve cela dommage. Car une fois le verrou forcé, une fois le blocage dissipé dans le flot des images, c’est un régal. Le film est d’une beauté rare, mais son propos est d’une tristesse sans pareille.
Comment arriver à nous transporter à ce point, à me chambouler si fort avec ses personnages qui ne font que chanter ? C’est pour une de ces raisons que pour moi le film est si important pour le cinéma, car il propose une formule qui ne sera jamais vraiment reprise en plus de cinquante ans de cinéma. Pas parce qu’il s’agit d’une mauvaise idée, mais parce que sa difficile conception, son équilibrage, ne peut être laissée entre les mains que de grandes figures, et Jacques Demy eentouré de son équipe en font partie.
Je n’ai toujours pas réussi à déterminer quel serait mon top 10 des meilleurs films, mais il est évident que les Parapluies de Cherbourg y aurait sa place, bien méritée.