Quand on parle de ce film, on s'amuse souvent du ton, des choix de l'époque, pour une réalisation qui peut paraître criarde aujourd'hui mais en réalité, ce film fait, et qu'on se le dise, réellement date !
D'abord il y a les intentions : parler d'amour mais surtout parler d'absence, à travers la guerre et la solitude qu'elle génère. Suggérer un fait qui, à l'époque, hantait encore les gens, puisque le film sort en 63, soi un an après l'indépendance de l'Algérie.
Finalement ce film est une sorte d'armistice en feu d'artifice : parler d'une époque de frustration et de hantise qui créa certainement cet éclat d'expression, célébrant une nouvelle aire, celle qui nous mène jusqu'en 68. Avec la fin d'une "vieille" France, d'un "vieux" cinéma français, mais aussi d'une "vieille" littérature française. On comprend peu, si l'on n'a pas connu cette époque, le désarroi de Guy (personnage masculin principal) par exemple. Mais en réalité, il y a un gap énorme en France entre 56 et 58. Le pays change et ce film en fait subtilement témoignage !
Et que dire des couleurs . Du choix des décors, en accord avec les costumes, magnifiquement vintages, presque euphorisants, s'accordant enfin avec un texte chanté avec franchise et émotions, par des acteurs cobayes et peu farouches, il faut bien l'avouer. Un film franchement incroyable, probablement une introduction au cinéma des années 60-70, inspirant sans doute quelques chefs-d'œuvre tels que "Deep End" par exemple.
De l'audace, en tout cas, il en fallait pour innover à ce point. C'est un cinéma qui fait l'amour avec les sens, il y a le chant, les décors, l'histoire d'une époque et d'un art qui, en ces années-là, fleurit !
Une expérience unique d'un cinéma qui ne regarde plus en arrière, mais qui se jette en avant. À voir absolument !