Dans l'atmosphère post-covidienne que nous vivons, Les parfums, à l'instar de La bonne épouse, a tous les ingrédients pour rameuter dans les salles un (grand) public désireux de se distraire sans prendre de risques majeurs. Il y a dans le film de Grégory Magne un côté "qualité française" très rassurant, avec son scénario pas totalement lisse mais raisonnablement attendu. Et, une fois de plus, un tandem désassorti qui en rappellera de nombreux autres au cinéma, sans pour autant copier à la lettre les schémas habituels du genre. Le film se partage équitablement entre les relations de ce duo qui part sur de mauvaises bases et en parallèle les vies insatisfaisantes de chacune de ses composantes. A vue de nez, peu de vraies surprises à l'horizon mais on ne tombe pas non plus dans les clichés les plus éculés. La mise en scène est un peu invisible et les dialogues pauvres en munitions mais l'interprétation sauve largement les meubles, même si les seconds rôles auraient peut-être mérité une plus grande exposition. Le réalisateur fait confiance à Emmanuelle Devos, impeccable dans son personnage rigide et maniéré et à Grégory Montel, en faire-valoir qui a du répondant, par ailleurs touchant en père immature et maladroit. Au moins, les deux personnages principaux sont bien écrits et leur évolution vers plus d'humanité est crédible à défaut d'être ébouriffante. L'aspect social n'est pas négligé, évoqué sans excès démonstratifs, et contribue à faire du film un spectacle de bonne tenue, pas insipide ni inodore mais avec juste un peu plus de caractère qu'un suave parfum d'ambiance.