Le parfum de la reconnaissance

Ce film, c'était pas joué d'avance. D'abord, les parfums et moi … je suis un peu comme le Papet chez Pagnol dans "Manon des Sources" : "…si toi tu peux le supporter. Moi, j'ai jamais pu. Ça m'entête…"

Le réalisateur Gregory Magne que je ne connais pas. C'est son deuxième film en tant que réalisateur et je n'ai jamais vu le premier.

Par contre le casting avec Emmanuelle Devos qui est une solide actrice que j'ai eu appréciée dans plusieurs films était quand même plutôt tentant.

Eh bien, j'ai globalement bien aimé. Le scénario est solide et le jeu des acteurs très convaincant.

Elle, Mademoiselle Walberg, est un "nez" qui a eu été célèbre pour avoir créé des parfums pour un couturier parisien fort connu. Mais depuis quelques années elle est un peu en galère car a perdu quelques capacités olfactives. Malgré cela, elle a conservé les manières déplaisantes de princesse capricieuse et autoritaire.

Lui, Guillaume, c'est un gars tout aussi en galère et se bat pour survivre mais surtout pour conserver le droit de garde alternée de sa fille. Présentement, il fait le chauffeur de voiture particulière louée et n'a plus que deux points sur son permis. Il devient le chauffeur du "nez" et se voit réclamer des tâches qui ne font, normalement, pas partie du contrat…

Tout indique que ça va se fritter sévère et pourtant, c'est l'histoire de deux canards boiteux qui peuvent finir par s'entraider …

Ce n'est pas la première fois au cinéma qu'on voit des personnages antagonistes au départ finir compatibles… Ici le film est bien mené dans une atmosphère qu'on pourrait dire sympathique malgré les moments de tension. Gregory Magne a su conserver le bon équilibre entre les moments d'émotion simple ou de galère pour se concentrer sur le fil rouge du film qui est l'approche mesurée des deux personnages principaux qui commencent par se rendre de menus services et qui se poursuit par un début de reconnaissance mutuelle.

Emmanuelle Devos fait encore une fois la preuve qu'elle est une grande actrice. Ici on apprécie la sobriété de son jeu, très intériorisé assez caractéristique de l'actrice mais qui impose en même temps une vraie présence, un regard profond.

Que dire de Gregory Montel qui est le chauffeur, le faire-valoir ? Je ne connais pas cet acteur mais lui aussi a une certaine présence à l'écran en homme qui se bat en silence contre sa malchance. Son naturel et sa franchise vont être les préalables d'une relation saine avec le personnage d'Emmanuelle Devos.

J'ai regretté qu'on voie si peu Sergi Lopez, acteur "facétieux" que j'aime bien trouver dans un film.

Finalement, je n'hésiterai pas à dire que ce film est une bien agréable et fraîche comédie qui se laisse bien regarder (sans qu'on soit gêné par les fragrances des parfums…)