Une sortie en salle assez discrète, une affiche qui ne nous transmet rien (subjectivement), une bande-annonce qui ne met en avant que les bons sentiments... On y allait au hasard heureux d'un horaire avantageux, et surprise. Toute la famille de se laisser surprendre par ce portrait réaliste des petits villages de zones rurales, drôle sans jamais se moquer (on n'est pas dans une caricature bête et méchante, au contraire), mais aussi sans jamais tomber dans une dramatisation dénonciatrice. On comprend bien les messages des aides qui ne sont pas suffisantes, des quotas à tenir qui sont infernaux et ne pensent pas aux habitants, aux Maires broyés par le système... Sans tomber dans l'accablement de son spectateur avec un discours politique trop pesant, Mélanie Auffret prouve qu'elle sait filmer la campagne avec sincérité, passion, un brin d'auto-dérision nécessaire à un fort attachement du spectateur. On devine vite, si l'on ne le sait pas, que la Dame a réalisé Roxane, déjà un portrait touchant d'un éleveur de poules qui avait des envies plus grandes que son exploitation, des aspirations culturelles qui dépassaient les enclos de ses cocottes... Ici encore, on aime la façon dont Auffret présente ses personnages, qu'on a l'impression de connaître en vrai, entre Madame le Maire qui voudrait bien avoir le courage de s'envoler loin de ce village dont elle a hérité, sans avoir le sentiment de l'abandonner, mais aussi ce vieil homme qui apprend à lire et écrire pour reprendre sa vie en main, et ces villageois qui gravitent autour du binôme avec bonhommie, quelques répliques savoureuses au coin du bec. On s'est même fait avoir par une romance qu'on a jugé trop vite (on a tout juste eu le temps de penser que
cette histoire d'amour idyllique via Tinder était vraiment niaise et irréelle
, que Auffret nous a tiré le tapis sous les pieds) et un final qui refuse la happy-end cucul au profit d'un juste milieu honnête. On termine en ayant même essuyé une petite larme, après avoir tant souri et apprécié ces personnages, après avoir respiré le grand bol d'air frais qu'est Les Petites Victoires.