Étant donné que je connaissais la réputation peu flatteuse qu'a ce film avant de le regarder, je n'en attendais pas grand-chose. À vrai dire, je pourrais prendre à mon propre compte la fameuse réplique de Dewey dans Malcolm :
Je m'attendais à rien et je suis quand même déçu.
Oui, franchement, je ne m'attendais tout de même pas à une telle merde. Je pensais que dans le pire des cas, cela aurait été un ersatz de Viva Maria !, avec pour points communs, un cadre westernien (nettement plus centré sur le bon vieux Far West que le Louis Malle qui a plus un côté "western sur fond de révolution saveur Vera Cruz" !) et un duo d'actrices sexy incarnant des personnages très badass. Bref, un truc efficace, bien rythmé, divertissant et explosif.
Ben non, pas du tout.
Alors, ça démarre pourtant sur les chapeaux de roue. Un meurtre de sang-froid par un méchant qui est bien méchant suivi d'une attaque de train. On y va à fond dans l'action dans les premières minutes.
Le contrat tacite avec le spectateur habituellement dans ce genre précis de cas, c'est qu'on balance énormément point de vue adrénaline dans les premières minutes pour ralentir après. En effet, il est bon ensuite de prendre le temps de bien présenter les personnages, de saisir leur caractère, leurs motifs ; ce qui crée un attachement pour celui ou celle qui regarde le film. En conséquence, dans un film un minimum bon, les séquences d'action ne sont pas vides de sens puisqu'on est investi émotionnellement avec les héros ou héroïnes de l'histoire. Mais, encore faut-il que l'action revienne... Mais, encore faut-il qu'il y ait un lien émotionnel avec les héros ou plutôt ici les héroïnes de l'histoire...
Bah, là, pas du tout, une fois l'attaque de train passée, jusqu'aux dernières minutes, on fait du surplace à tous les points de vue, l'intrigue (oui, un bien grand mot pour ce que c'est !) n'avance pratiquement pas d'un iota.
Les deux protagonistes sont entourées des personnages secondaires les plus agaçants au monde (la fratrie de débiles profonds qui sont juste des débiles profonds et le shérif qui ne parle pas français, marmonnant une sorte d'anglais (oui, je sais que l'acteur est américain !) méritent des mentions spéciales (oui, on parle français au Far-West, ne cherchez pas à comprendre ; cela aurait pu être, étant donné que la distribution est quasi-entièrement francophone, uniquement le français qui soit parlé, sans que l'on s'interroge sur la langue dans laquelle on doit s'y exprimer, parce que la production n'allait pas faire parler anglais des acteurs principalement français ; mais non, on précise bien d'une manière ridicule qu'on parle français au Far-West ; ne cherchez pas à comprendre !)).
On voit seulement des personnages faire les cons dans un film au scénario inexistant, sans enjeux. Oui, la bataille pour posséder un ranch avec un gisement de pétrole entre deux rivales est très vite reléguée au dixième plan sous les cris des abrutis de frères du personnage de Cardinale se comportant comme des ados attardés et sous le marmonnement stupide du shérif. J'évite d'évoquer les sœurs de celui de Bardot, sans la moindre once de personnalité individuelle (comme les frères de l'autre d'ailleurs !), si ce n'est qu'elles ont le QI de dindes décapitées (poussant à se poser légitimement la question de comment elles ont pu participer à plusieurs hold-up périlleux sans se faire prendre !). Et ces conneries prennent la quasi-totalité du film. Oui, c'est long. Oui, c'est interminable. Oui, on se fait complètement chier. Et non, ce n'est pas drôle, car le propre d'une comédie est de faire rire, pas de provoquer un bizarre mélange entre énervement et somnolence.
Et le personnage de Micheline Presle, pourquoi il fait coucou le temps d'une séquence pour ne plus revenir du tout par la suite ? Je n'en sais rien et je m'en tape. À un tel niveau de nullité, ce n'est même plus la peine de se poser des questions sur des machins de moindre importance.
Et dans les dernières minutes, l'ensemble pense d'un coup qu'il y a un méchant bien méchant (laissé convalescent aux bons soins d'une caricature de Chinois que l'on voit peu et c'est tant mieux vu comment elle est embarrassante !) qui a été laissé presque totalement de côté après la scène du train et qu'il faut aussi qu'il y ait une bonne entente entre les deux personnages principaux qui finisse par faire acte de présence.
Donc, on fout une bagarre, arrive d'un coup et enfin le méchant juste à ce moment-là. Conséquence, deux climax potentiels s'annulent l'un et l'autre en arrivant en même temps. Ah oui, l'antagoniste, paraissant si redoutable dans les deux scènes d'introduction et qui avait tout pour donner un bel adversaire acharné, est expédié très vite fait très mal fait. Tout aussi expéditive, en conséquence pas du tout crédible, est la façon dont est amenée la bonne entente entre les deux héroïnes (un rapprochement progressif, causé dans un premier temps par une alliance obligée contre le méchant très méchant se pointant beaucoup plus tôt et restant beaucoup plus longtemps, puis, petit à petit, par une sympathie réciproque lorsqu'elles apprennent à se connaître par la force des choses, ce ne serait pas un peu mieux, non ?). Oui, je spoile, mais c'est une merde et je veux (pour ceux qui auraient la chance de ne pas avoir vu ce chef-d'œuvre !) vous épargner 90 minutes de votre vie.
Pour le duo d'actrices principales, Claudia Cardinale était une sacrée bombe à l'époque, on ne peut pas dire le contraire, par contre, la beauté de Brigitte Bardot avait considérablement fané depuis Viva Maria !. C'est son antépénultième film. Elle se retirera peu de temps après pour se consacrer à la cause très noble des animaux.
Un truc choquant, c'est qu'un des scénaristes (oui, quatre personnes pour donner ça !) de cette merde est Daniel Boulanger. Oui, le même Daniel Boulanger qui a contribué à donner ou qui donnera des perles de divertissement et d'intensité, aussi bien dans la légèreté que dans la gravité, comme L'Homme de Rio, La Vie de château, Le Diable par la queue ou encore La Menace. L'écart de niveau est aussi abyssal qu'ahurissant.
Mais quelle purge ! Mieux vaut se refaire Viva Maria ! qui a le mérite d'être distrayant lui.