Parmi les plus anciens auteurs japonais du politiquement incorrect, Nagisa Oshima fait figure de grand penseur. On retient certes davantage L’Empire des sens et Furyo, mais au milieu d’une filmographie prolifique étalée sur toute la seconde moitié du XXème siècle se retrouvent nombre d’expérimentations, réflexions et ambitions qui auront définitivement altéré le paysage du cinéma nippon.

Un professeur assassine le coupable d’un viol sur l’une de ses élèves dont il est follement amoureux. Un comptable, témoin du meurtre, décide alors d’utiliser cette situation à son avantage : en échange de son silence, notre homme devra cacher et conserver une grande quantité d’argent détournée. C’est sur ce point de départ, pas vraiment crédible, que débute Les plaisirs de la chair : film noir aux accents hitchcockien qui n’est pas sans rappeler Vertigo pour sa cuisine de sensualité et de suspense, il se dégage de cet ensemble une ambiance pesante, qu’Oshima compose comme une vaste analyse apocalyptique de la lutte des classes et du pouvoir de l’argent.
Le casting est dans un surjeu constant, chaque parti-pris semble extrême, et la forme très soulignée achève finalement l’argumentation d’une œuvre indigeste, malgré ses réussites évidentes. Rythme tantôt facile tantôt rouillé, c’est surtout cette fascination quasi-morbide d’Oshima pour l’objet sexuel qui fait clairement défaut à Les plaisirs de la chair.

Dans un dernier quart plutôt accompli, Oshima parvient tout de même à donner à son film une certaine finalité. Conclusion fatale d’une tragédie sociale trop appuyée, elle est en tout cas à l’image du reste : fascinante d’approximations, décevante dans la plupart de ses tentatives narratives. Les plaisirs de la chair est un correct polar qui ne trouve d’intérêt que de par sa place dans l’œuvre d’un réalisateur incontournable.
Vivienn
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le 13 mars 2015

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Vivienn

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