Premier film pour Mel Brooks qui en dit long sur l'univers du monsieur. Le ton est donné dès l'introduction : pas mal de mauvais goût, beaucoup d'excès voire une certaine outrance, et un refus catégorique du politiquement correct. C'est simple : ici, tout le monde prend pour son grade. Juifs, nazis (faut-il le préciser), vieux, homosexuels, français, gens du spectacle... Un bon coup de pied au cul au milieu de la bien-pensance générale, redevenu d'ailleurs le maître mot aujourd'hui : putain, ça fait du bien !
Bon, après, je serais de mauvais foi si je n'émettais pas quelques réserves : l'humour est un peu inégal, on rit moins que dans mon souvenir, Brooks cédant parfois trop ouvertement à la lourdeur, notamment dans le dernier quart. Mais il est tellement bouillonnant, tente tellement de choses qu'il est presque normal que certains moments fonctionnent moins bien. Et pour illustrer cette hystérie collective, qui de mieux que l'hallucinant duo Zero Mostel - Gene Wilder, tous deux déchaînés dans des prestations au-delà de l'excès, bien entourés par des seconds rôles également en grande forme, à commencer par l'inénarrable Kenneth Mars dans un numéro de nazi légèrement dingue et pas franchement repenti...
Sans oublier un goût musical très sûr : le réjouissant « Love Power » et surtout l'hallucinant « Springtime for Hitler » en ouverture du spectacle : rarement « show » aura su combiner propos aussi abject avec danse et chorégraphie du plus bel effet : la meilleure scène. Le cinéaste ne retrouvera qu'une fois une telle inspiration : son remarquable « Frankenstein Junior », où il saura même gommer les quelques défauts aperçus ici. Une énorme farce, ne réussissant pas tout, mais suffisamment féroce pour en faire un titre hautement recommandable : merci, M. Brooks.