En 1917, quatre mercenaires appâtés par le gain sont chargés de récupérer l'épouse d'un magnat du pétrole qui a été enlevée par des révolutionnaires mexicains. Pour 10.000 dollars chacun, ils accepteront de traverser le désert des Mojaves et de braver les dangers du Mexique pour ramener la belle Maria au Texas.
Ce western atypique de Richard Brooks m'a beaucoup plu, et ce pour diverses raisons. Tout d'abord, l'action se passe au début du XXème siècle, et à l'image d'une voiture qui roule parallèlement à une voie de chemin de fer, Richard Brooks apporte une certaine modernité à un genre jusque-là souvent sclérosé et enfermé dans ses codes. Dans "Les Professionnels", il n'y a pas de cowboys à proprement parler, mais l'esprit du Far West est toujours bel et bien présent, avec ses renégats solitaires et opportunistes qui ne vivent que pour l'argent. Pris d'une pulsion révolutionnaire, certains se sont engagés quelque temps auprès de Pancho Villa dans le conflit mexicain, mais comme le dirait un certain John Rambo 60 ans plus tard, ce n'était pas leur guerre...
En 1966, nous sommes en pleine guerre du Vietnam, et comme beaucoup d'artistes engagés, le réalisateur américain profite de ce film pour dénoncer la futilité des conflits armés qui minent le monde depuis des siècles. Voici précisément ce que dit Dolworth (Burt Lancaster) à ce sujet : "Maybe there's only one revolution, since the beginning, the good guys against the bad guys. Question is, who are the good guys ?"
Techniquement, le film est sublime. Nous sommes à l'apogée du Technicolor, et les immenses canyons du Rio Grande sont vraiment majestueux à l'écran : la Vallée de la Mort et la Vallée de Feu constituent l'essentiel des décors, et on en prend plein les yeux pendant deux heures. La distribution n'est pas en reste, et avec Burt Lancaster, Lee Marvin, Robert Ryan, Woody Strode et Jack Palance, nous avons droit en quelque sorte à un casting all-star bien avant l'heure des "Ocean's Eleven". Si j'ai tout particulièrement apprécié le timbre caverneux de Lee Marvin (pas étonnant, puisqu'il buvait comme un trou pendant le tournage), c'est surtout Burt Lancaster qui m'a scié dans ce long métrage. Du haut de ses 53 ans, l'acteur new-yorkais incarne un antihéros goguenard et extravagant qui serait prêt à vendre son meilleur ami pour une somme rondelette. Tout au long du film, on le voit évoluer sur le plan humain, et lors d'un très bel échange avec Claudia Cardinale, il nous délivre avec son phrasé inimitable un monologue face caméra absolument remarquable.
Justement, puisque je viens de l'évoquer, que dire de la belle italo-tunisienne ? Son jeu d'actrice est plutôt moyen, ses moues sont un peu trop appuyées, et son accent français n'est pas des plus crédibles pour une fille qui a passé sa vie au Mexique... Mais elle est d'une telle beauté qu'on lui pardonne tout. Trois ans avant son apparition dans "Il était une fois dans l'ouest", l'actrice à la peau cuivrée est encore plus sensuelle que dans le long métrage de Sergio Leone, et la caméra n'a d'yeux que pour son décolleté prodigieux...
Amigos, si vous aimez les westerns et les beaux décors naturels, ruez-vous donc sur ce film dynamique et hautement divertissant. Vous apprendrez sûrement des tas de choses sur la guerre civile du Mexique, vous vous régalerez grâce aux dialogues savoureux et souvent très drôles, et comble du bonheur, vous verrez plein d'explosions à la dynamite !