Tranche de vie, soirée du jeudi 22 Mai 2014
- "Comment qu'c'est Djee-Djee ? Tu te jeanguidonises ou bing ?"
- "Nan, nan..."
- "Pitète que j't'emmerde présentement...?"
- "Nan, j'enchaine l'intégrale de Motus. Créé en '87 comme "Appetite", tu vois le symbole ?! J'en suis à la 8ème année. jusqu'à présent la 4ème est la meilleure. Y a des parties de malade ! Quand tu passeras en ville, on matera ce match épique, digne de ta confront' face à l'Ordure, opposant Mireille & Chantal à Yvon & Jacques."
- "Tu me fais rêver..."
- "Y a un suspense de ouf sur chaque mot, ils se rendent coup pour coup et ça finit en apothéose par une super-partie de folie ! Même Beccaro est en transe !"
- "T'as téléchargé ça où ?"
- "Coffret blu-ray ma couille ! Dégoté sur Amazon Allemagne ! Avec toutes les impros de Beccaro pour les bandes annonces ! Un bijou !"
- "Sinon j'ai un truc à te..."
- "Attends ! Beccaro c'est le Will Ferrell du jeu télé ! Il démonte Tex, il fait pas le poids le moucheron ! T'imagine le carnage, Will face à Élie Seimoun ?! Et bah t'as l'tableau ! C'est dégueulasse de puissance !"
- "Justement je viens de voir Ferrell dans "Land Of The Lost" et...c'était mauvais !"
- "J'ai du mal à être lucide face à des génies comme Will et Thierry. Bon quoi, sinon ?"
- "J'ai un p'tit florilège de films sur ma clef USB pour ce soir mais je ne sais pas quoi choisir entre "Defendor" avec Harrelson, le chindouille "The Good, The Bad & The Weird", "Wonderland" avec Kilmer ou "The Professionals" (1966) que tu avais bafouillé récemment. Tu me conseilles lequel ?"
- "Les Professionnels". Un western A-Team à la papa qui sent un peu le ritalien aussi. Et puis Claudia mon pote ! Tu vas frétiller du slip !"
- "Ça monte à combien sur l'échelle Ashlyn Gere ?"
- "J'te parle d'un ange dans un corps de femme et toi tu m'sors ta vieille capote !"
- "Si tu me parles d'ange alors je dis Sylvia Saint !"
- "Tu sais que tu d'viens un vieux con ?! C'est pas tout, vieux mou du zboub, mais j'ai encore 19 ans de Motus à savourer."
- "Bon mélange de boules alors !"
- "Déconne pas avec ça ! Y a une sorte de magnétisme obscure qui agit sur les noires, la main est attirée 1 fois sur 3 ! Ça me fait flipper parfois, y a quelque chose de malsain ! Y a du vaudou là-dessous ! Tu peux me croire mon p'tit bonhomme, j'ai grandi au milieu de zaïrois !"
- "Boule de cul va !"
- "♪♫ Mer-merdocul ♫♪ !"
Il a raison sconla ! Claudia Cardinale est une allumeuse, elle n'apparaît qu'au bout d'une heure de métrage pour tout enflammer, elle surpasse la beauté abyssale des plaines rocailleuses ou désertiques du Nevada. Au dessus d'elle, c'est le soleil ! Hmmmmm cette moue boudeuse, aussi arrogante que sa lourde poitrine en poire, son accent italien (qui se veut mexicain) !...
"The Professionals" ne se limite pas au charme de Claudia. Elle est entourée d'une brochette hollywoodienne burinée et burnée. Lee Marvin, Burt Lancaster, Woody Stroke et Robert Ryan constituent une sorte d"Agence Tout Risque" en ce crépuscule du far-west au début du XXème siècle.
Cigarillos en bouche, Marvin est Hannibal ; Lancaster (qui ne joue pas trop avec ses dents cette fois) est un Futé souvent affublé d'une grenouillère ; Stroke "le Van Cleef black" est plus proche de Dhalsim de "Street Fighters" que de Barracuda. Etrangement, Robert Ryan semble transparent et constamment en retrait.
Ralph Bellamy en magnat du pétrole engage cette équipe de mercenaires afin qu'elle extirpe sa belle Claudia des griffes de Jesus Rava (Jack Palance), révolutionnaire merRRRRicane, ancien frère d'arme de Zapatta et Poncho Villa, retranché au milieu du désert dans une hacienda fêtarde continuellement baignée du son des mariachi et des cris stridents des Pépitos.
Richard Brooks a concocté un bijoux de film hollywoodien : un casting poids-lourd au milieu de décors naturels grandioses et caniculaires, agrémenté d'un scénar relativement simple mais efficace qui ne laisse aucune place à l'ennui à grands renforts de punchlines, moult gunfights et explosions... Un spectacle pétaradant !
Hormi Lee Marvin utilisant une sulfateuse à bout de bras comme Johnny Rambo, le moment le plus savoureux et le plus enviable est certainement celui où Cardinale crache au visage de Lancaster, l'humiliant avec érotisme de sa délicieuse salive.