Fulci avait déjà réalisé un beau western italien, Le Temps du massacre, où l’on voyait déjà naitre les composantes de son cinéma. Fascination morbide pour le corps, la chair en décomposition qui évolue en parallèle d’un dérèglement psychologique. 4 de l’Apocalypse continue dans cette voie (avant l’avènement de ses films gores des années 80) et l’amplifie.
4 de l’apocalypse est un western italien qui ne ressemble à aucun autre mais qui est marqué par l’empreinte parfaitement reconnaissable de son auteur et qui transpire ses obsessions.
Les quelques codes et tics du western italien sont évacuées au bout des 10 premières minutes : on y voit une petite ville du Far West, une attaque, des coups de feu, un saloon, et une évasion. Celle d4 4 hors-la-loi : un joueur professionnel, une prostituée, un ivrogne et un illuminé qui crois communiquer avec les esprits.
Le film bifurque alors totalement et se transforme en une balade mortifère, aux accents un peu hippies (confortés par la musique) à travers des paysages fantomatiques. Une voyage d’outre-tombe qui ne semble mener nulle part. Ils font des rencontres étranges, ils croisent notamment la route d’un tueur sadique, Chaco, incarné par le grand Tomas Millian, toujours aussi cabot.
Et puis le film devient totalement déroutant dans sa dernière partie. On n’est plus qu’en présence du couple que forment le joueur et la catin. Elle attend un enfant et doit accoucher. Ils s’arrêtent donc pour cela dans une ville fantôme, perdue au milieu de nulle part, dans laquelle ne vivent que des hommes. Et cette séquence, qui pourrait n’être qu’un passage anecdotique, prend une dimension surréaliste et presque mythologique. Ces hommes qui n’entendent rien aux femmes, vont devoir s’unir pour en faire accoucher une. Et, eux qui vivent dans la mort, l’oubli, la pourriture, vont, face à l’émerveillement de l’apparition de la vie et de ce nouveau-né, passer de rustres sauvages en tontons maladroits et touchants. On peut penser au fils du désert de John Ford.
C’est une belle surprise.
Teklow13
7
Écrit par

Créée

le 4 févr. 2013

Critique lue 718 fois

7 j'aime

Teklow13

Écrit par

Critique lue 718 fois

7

D'autres avis sur Les Quatre de l'apocalypse

Les Quatre de l'apocalypse
AMCHI
7

Le western selon Fulci

J'avais déjà vu Les Quatre de l'apocalypse il y quelques années et il m'a franchement déçu mais au vu de son casting et de son réalisateur j'ai décidé de le revoir pour lui donner une seconde chance...

le 28 nov. 2023

8 j'aime

7

Les Quatre de l'apocalypse
Teklow13
7

Critique de Les Quatre de l'apocalypse par Teklow13

Fulci avait déjà réalisé un beau western italien, Le Temps du massacre, où l’on voyait déjà naitre les composantes de son cinéma. Fascination morbide pour le corps, la chair en décomposition qui...

le 4 févr. 2013

7 j'aime

Les Quatre de l'apocalypse
Redzing
7

Avant les zombies, l'ouest maudit

Attention, ce western spaghetti est complètement à part ! Si vous voulez voir du pistolero qui flingue des bandits par paquet de douze sans sourciller, passez votre chemin. Pour preuve, nos héros ici...

le 14 févr. 2024

3 j'aime

3

Du même critique

Amour
Teklow13
8

Critique de Amour par Teklow13

Il y a l'amour qui nait, celui qui perdure, celui qui disparait, et puis il y a celui qui s'éteint, ou en tout cas qui s'évapore physiquement. Si certains cinéastes, Borzage, Hathaway, ont choisi de...

le 22 mai 2012

88 j'aime

11

Mud - Sur les rives du Mississippi
Teklow13
5

Critique de Mud - Sur les rives du Mississippi par Teklow13

J'aime le début du film, qui débute comme un conte initiatique. Nichols parvient à retranscrire d'une jolie façon le besoin d'aventure, de mystère, de secret que l'on peut ressentir durant l'enfance...

le 31 mai 2012

58 j'aime

4

Les Amants passagers
Teklow13
2

Critique de Les Amants passagers par Teklow13

Le film possède une dimension métaphorique et repose sur une image politique plutôt intéressante même si déjà rabattue, à savoir assimiler un avion à la société actuelle, en premier lieu la société...

le 26 mars 2013

55 j'aime

4