Attention, ce western spaghetti est complètement à part ! Si vous voulez voir du pistolero qui flingue des bandits par paquet de douze sans sourciller, passez votre chemin. Pour preuve, nos héros ici n’auront que très rarement une arme à la main.
Dans « I quattro dell’apocalisse », on retrouve le ton cruel et déprimant de Lucio Fulci. Quelques images bien sanglantes, et la photographie irréelle de Sergio Salvati, évoquent même la future tétralogie du gore, que Lucio Fulci réalisera avec ce même chef opérateur.
On suit donc quatre marginaux, ayant échappé par chance à un lynchage massif dans une ville. Un tricheur professionnel, une prostituée enceinte, un fou qui prétend parler aux morts, et un alcoolique ravagé. Un groupe bien frappé, qui va parcourir l’Ouest en expérimentant toute sa violence et son injustice. Notamment via Chaco, un bandit crapuleux. Vous l’aurez compris, le portrait guère flatteur de l’Ouest tranche complètement avec les westerns habituels, même les autres italiens.
Y compris sur la forme. Pas de musique morriconesque, la BO louche vers du rock psychédélique. Pas de duel, juste des coups bas et des exécutions. Et très peu d’espoir, si ce n’est cette très étonnante scène d’un village de montagne. Assurément la plus belle et la plus drôle du film, où des mineurs rustres fatigués de la vie s’attendrissent devant un nouveau-né !
Je ne vais pas mentir, il y a quelques longueurs dans l’ensemble. Mais la proposition est originale, l’atmosphère est singulière, et les acteurs tiennent la route. Dont Tomas Milian, presque méconnaissable en bandit infect. Fabio Testi, dont la belle gueule convient bien au joueur embobineur. Et la touchante Lynne Frederick, dont la carrière fut écourtée dans les années 80, lorsqu’elle devint la veuve de Peter Sellers et fut accusée d’avoir profité financièrement de lui.