Détruire la joie de vivre en quelques lenteurs et banalités : je lui en veux encore pour l'histoire qu'elle a donnée à Jeanne Dielman et qui va chercher l'ennui beaucoup trop loin pour moi. En revanche, dans Les Rendez-vous d'Anna, je vois ce qu'Akerman a voulu en faire.
J'ai toujours du mal à comprendre ce qui peut amener des discours si expressément vides à enthousiasmer le cinéphile – pourtant je passe chaque après-visionnage à chercher des excuses à tout ce que j'ai trouvé d'agaçant dans un film. Mais sauf ça, et à part citer la monotonie (qui me semble être un argument de néophyte pour justifier ma mauvaise expérience cinéma), je dois admettre que je ne sais pas quoi en dire de mal.
Dans les coulisses de la vie d'une réalisatrice, Anna, tout devient aussi gris que les gares qu'elle traverse et les chambres d'hôtel qu'elle s'efforce de remplir d'amours multiples et trop brèves. Des monologues la suivent comme des pages de romans arrachées. Déracinée, c'est effrayant mais elle ne donne pas l'air de se délivrer dans son art de cinéaste, auquel on se réfère à peine, comme s'il lui était extérieur. Rien ne l'émeut, ou elle ne le laisse pas voir. On l'accompagne en tant que tristes témoins d'une existence qui est le purgatoire de l'émotion et où tous les espoirs de vivre encore quelque chose de fort s'évaporent.
Trop long quand même, sans doute. Mais cette fois-ci je vois au moins où je suis en tort de percevoir ainsi le cinéma d'Akerman.
→ Quantième Art