Italie, 1972. 38 giallos sont répertoriés en salles et Giuliano Carnimeo, plutôt habitué aux westerns, sort son seul et unique film du genre. Devant la caméra le duo Edwige Fenech – George Hilton, au scénario Ernesto Gastaldi, derrière la caméra Stelvio Massi et à la baguette musicale Bruno Nicolai. Autant dire que le film compile la présence des grands habitués de cette période. Et que, malheureusement, il ne parvient pas à sortir du lot de la surproduction constatée cette année-là. Tous les ingrédients sont pourtant réunis : Carnimeo nous pond un tueur dont le déguisement ressemble trait pour trait à celui de Six Femmes pour l’assassin, les morts s’enchaînent, les suspects se comptent à la pelle, les traumatismes font partie intégrante de la vie de très nombreux personnages et l’ensemble baigne dans une ambiance sexuelle aimablement déviante.
Mais le film échoue sur un point fondamental : la caractérisation de ses personnages, tous aussi fades et inutiles les uns que les autres. Bien entendu, il faut augmenter le nombre de suspects, mais rares sont les personnages à être intéressants, et, et c’est bien le plus ennuyeux, à commencer par son duo principal. Mal écrits, leurs personnages manquent cruellement d’épaisseur et on peine à suivre la relation qui les unit. Si la police apporte une touche amusante et renvoie à une peinture acide de l’époque (elle n’apporte strictement rien à l’avancée de l’enquête), les autres personnages sont transparents. Les femmes, et Edwige Fenech en premier lieu, ont de belles plastiques à offrir à un cinéaste qui a bien intégré que son récit devait apporter à l’écran son lot de plans nus, mais elles n’ont aucune profondeur et aucun vice assumé à défendre. Quand on comprend quel est le cœur de l’intrigue, ce point se révèle d’autant plus dommageable.
Lâché par ses personnages, le récit fait ce qu’il peut pour rendre son intrigue palpitante. Les rebondissements sont suffisamment nombreux pour éviter l’ennui, mais les meurtres auraient mérité d’être entourés de davantage de suspense. Par ailleurs, la terreur que devrait semer le tueur dans l’immeuble semble bien tiède au regard des événements. Un Dario Argento aurait sûrement apporté un climat autrement plus oppressant que Giuliano Carnimeo qui trouve bien quelques astuces de mise en scène pour donner un certain relief à l’ensemble, mais qui manque d’un savoir-faire évident dans le genre. On appréciera la musique très morriconienne de Bruno Nicolai et on notera, enfin, que le titre français n’a, bien entendu, une nouvelle fois rien à voir avec le film.