Voici un film que j'avais vu à la télévision espagnole il y a quelques années et qui m'avait pas mal impressionné.
Le retrouver aujourd'hui dans sa version française me permet de rafraîchir ma mémoire et de vous inciter à le voir. Je ne m'attarderai pas sur la navrante incohérence du titre français, quand le titre original, littéralement "qui peut tuer un enfant ?" est bien plus signifiant.
Fable rageuse, jeu de massacre à la portée symbolique immense, le film parvient à susciter en nous une peur inédite, issue de décors baignés d'un radieux soleil méditerranéen. Oubliez les ombres menaçantes et les créatures de l'ombre, ici l'angoisse est radieuse et rayonnante, elle n'est pas sombre mais lumineuse, elle ne précède pas des cris lugubres ou des râles désespérés, mais est accompagnée de rondes et rires d'enfants.
Ces enfants qui d'énigmatiques, passeront à troublants, puis franchement effrayants, m'évoquent à la fois les enfants maudits du film Le Village des damnés (1960) pour l'inquiétante innocence malsaine qui s'en dégage et sont un écho à la pas vraiment idyllique, société d'enfants dépeinte dans Sa majesté des mouches (1963).
Non dénué d'une certaine poésie, exploitant une palette de couleurs très loin de celles habituelles du cinéma horrifique, mais grâce à une mise en scène habile et à un scénario qui va jusqu'au bout de son postulat, il n'en demeure pas moins un film violent, coléreux, subversif.