Comme on pouvait s'y attendre, l'ancien avocat André Cayatte décrit, à travers le délicat fait divers qu'il rapporte, le mécanisme d'une erreur policière et judiciaire. Sans toutefois occulter la dimension psychologique que requiert le sujet, Cayatte manque parfois de rigueur et d'habileté dans la mise en scène des attitudes de chacun des protagonistes.
L'histoire est pourtant crédible, qui présente un instituteur tout ce qu'il y a d'aimable et de respectable...mais quand même accusé d'attentats à la pudeur par plusieurs de ses élèves. Victime d'un enchainement de circonstances et des affabulations de jeune filles, non pas délurées, mais fragiles et tourmentées, le personnage de Jacques Brel est l'instrument par lequel Cayatte met en cause, une fois de plus, la subjectivité et la complaisance des témoignages. Il montre du doigt l'hypocrisie, sans trop la charger ni sans la causticité satirique d'un Claude Chabrol, de la France provinciale (gaullienne).
En définitive, les quelques réserves qu'on peut principalement opposer au film tiennent à sa mise en scène. Curieusement, Cayatte se montre bref et concis, efficace en un mot, pour certaines scènes tandis que, d'autres fois, afin d'étoffer le récit et s'imaginant devoir éventer un suspens qui n'est que relatif, il s'en remet à des flashback très explicites et pratiquement inutiles puisqu'on a déjà bien compris la situation et les personnages, tout autant que le postulat que poursuit obstinément le cinéaste.