"Les salauds dorment en paix" est le premier film de la société de production que Kurosawa, agacé par tous les rebondissements des derniers tournages, a monté pour accroître son autonomie et ses choix artistiques en tant que coproducteur. Réalisé en 1960, nous voilà plongé dans un polar noir, plus proche du thriller qui s'ouvre sur un prologue majestueux d'une trentaine de minutes. Présentant tous les protagonistes de cette histoire et décryptant tous les enjeux lors du mariage traditionnel de la fille d'un PDG, séquence qui au passage a inspiré Coppola pour son Parrain. On y découvre ainsi que dans ce genre de cérémonie, chaque intervenant doit porter un toast, c'est lorsque le frère de la marié se lance dans le sien qu'on découvre que le gendre ne fait pas l'unanimité. Certaines rumeurs racontant que Nishi (le gendre ) utiliserait seulement la fille pour gravir les échelons dans la société, on est loin de se douter que le problème est bien plus profond que ça et que cette entreprise qui pourrie de l'intérieur réserve bien des surprises...

Les salauds dorment en paix est une critique sociale glaçante avant d’être un véritable film noir. L’occasion pour Kurosawa qui après avoir abordé le milieu de la pègre ou de la presse à scandale se permet cette fois ci une dénonciation sombre, dénuée d’espoir mais au combien passionnante à suivre pour nous spectateurs.
Bien loin des films de gangsters Américains de l'époque où l'on dégainé son arme pour régler un conflit, nous sommes entrainés dans quelque chose de bien plus malsain, meurtres déguisés en suicide, manipulation, corruption, trahison sont au centre d'un récit écœurant.
Cependant la vengeance n'est pas réservée qu'aux coréens, ici Kurosowa nous la montrera représentée par le personnage de Mifune qui tout en nuance, en retenue se dressera contre ces hommes que l'on dit intouchables, dans un jeu du chat et la souris audacieux et addictif.

En s'inspirant librement d'Hamlet, Kurosowa nous offre un polar aussi sublime dans le traitement que dégueulasse dans la morale s'attaquant comme souvent aux pires faiblesses et vices de l'être humain. Un monde sans valeurs morales, corrompu par l’argent et qui tel un brasier trouvera toujours une main avide pour l'alimenter.
Un titre qui résume le film à lui tout seul, l'ordure qui après une rude journée de coups bas lui permettant de s'en sortir peut importe les moyens, le soir venu dort paisiblement, dans les bas-fonds d’une société qu’il a lui même foutue en l’air…
Kobayashhi
9
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le 27 août 2013

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