Kurosawa nous capte dès l’ouverture du film. La séquence est magnifiquement construite autour des mouvements des divers groupes en présence : des journalistes, des invités, le cortège du mariage dont la future mariée attire les regards par son handicap. Ce long prologue au film réunit tous les protagonistes de l’histoire et nous fournit quelques indices.
Les salauds dorment en paix nous plonge au cœur de la corruption des hauts fonctionnaires japonais à travers une intrigue bien menée, mêlant suspens, mystère, vengeance, fausses identités, mensonges et romance sans oublier quelques touches d’humour.
La réalisation de Kurosawa est ciselée et met en valeur les sentiments exacerbés des personnages : peur, effroi ou rage. La mise en scène est au service des personnages et de l’intrigue. Ainsi cette scène où l’on voit Iwabushi de dos, assis dans un fauteuil. Sans le voir, on perçoit la force de son pouvoir en voyant les réactions de ses complices en interaction avec lui. Ou bien la séquence d’une grand force émotionnelle où l’on voit Wada assister à ses funérailles.
Ce film noir malgré ses quelques touches d’humour est d’une noirceur totale. Kurosawa dénonce sans concession ceux qui dorment en paix après avoir saigné leurs semblables.
Je vous prie de m’excuser. N’ayant pas dormi de la nuit, j’ai perdu la notion du temps.