Film anti-militariste par excellence, « Path of Glory » se déroule en 1916, et raconte l’histoire d’un assaut français raté sur le front. En conséquence, le commandement décide de passer en court martiale une poignée d’hommes, pour lâcheté. Non seulement le sujet est relativement osé pour 1957, mais la peinture de l’armée est des plus acerbes, présentant un clivage entre des soldats marqués par une guerre de tranchées, et des officiers arrogants, froids, et déconnectés des réalités du terrain. Une charge si violente que le film ne sortira en France qu’en 1975 !
Mais là où l’on aurait pu avoir une critique bête et méchante, Kubrick fait preuve de beaucoup de subtilité. Tous les personnages sont nuancés, même le général, principal antagoniste, qui est présenté au départ comme un officier supérieur pragmatique et protecteur. La palme revient au protagoniste, joué par un Kirk Douglas en forme, officier et ancien avocat qui tente de redonner morale et justice à une situation devenue absurde.
Sur la forme, le réalisateur, avant de pondre ses plus grandes œuvres, démontre déjà son talent. Après un générique qui sonne la Marseillaise (!) en guise de provocation, le film regorge de plans ultra maîtrisés. On alterne entre des plans larges dans de somptueux châteaux, les traveling serrés des tranchés (particulièrement étonnants 20 ans avant l’invention du steadicam !), les séquences de bataille courtes mais cauchemardesques, et des plans plus intimistes éclairés avec soins.
Il en résulte un film qui deviendra l’un des incontournables sur la Première Guerre Mondiale.