Sorti en 1957, Les Sentiers de la gloire montre un monde encore traumatisé par la Seconde Guerre Mondiale. Mais la plupart des films de l'époque traitant de ce sujet ayant fait scandale ou étant purement et simplement censurés, Les Sentiers de la gloire traite implicitement le sujet en situant son action dans le contexte de la Guerre Mondiale précédente.
Ce film est la première collaboration entre Stanley Kubrick et Kirk Douglas que le recontacta trois ans plus tard pour interpréter Spartacus dans le film éponyme.
France 1916
Kirk Douglas est le Colonel Dax. Sous pression constante des armées françaises et de généraux sadiques, Dax est sans arrêt obligé de suivre la tactique de la guerre des tranchées tout en tentant de mener le moins de ses soldats possible vers la mort.
Lorsqu'une offensive échoue, le Général Mireau (Georges Macready) furieux de voir les soldats du régiment de Dax restés en retrait dans une tranchée donne l'ordre de tirer dans cette dernière et fait arrêter trois hommes au hasard dans cette dernière pour ne pas avoir à assumer son sanglant et lâche acte.
Corruption, faux honneur toxique, réputation de l'armée devant passer avant tout au prix de pertes sanglantes et d'acte immondes et lâches, Dax se retrouve victime de ses principes moraux dans un monde immoral et meurtrier en tentant tant bien que mal de protéger ses hommes en ne les envoyant pas dans des missions dangereuses sans succès.
"Nous sommes en guerre" lui crient ses supérieurs au visage quand Dax n'a pas la conscience tranquille.
En dehors de Kirk Douglas, le film s'attarde sur les trois soldats Maurice Férol, Pierre Arnaud et le sergent chef de section (Timothy Carey, Joel Turkel et Bert Freed) injustement accusés de lâcheté. Tous ont des personnalités différentes les rendant distincts et attachant dans leurs actes et leurs motivations.
Ainsi, on est en proie à une tristesse et, surtout, une colère quand ces trois pauvres hommes sont envoyés vers leurs sorts macabres.
George Macready rend le Général Mireau lâche, cruel et manipulateur le rendant ainsi détestable à la perfection.
Ainsi, quand Dax a prouvé ses actes pathétiques et morbides, un grand sourire se dessine sur nos visages quand une enquête va être menée sur lui.
Et en dehors des personnages, le film est inoubliable dans son réalisme et, surtout, dans son pessimisme montrant que l'espoir est inexistant pour le régiment de Dax espérant retrouver leurs proches un jour.
Ainsi, quoiqu'il fasse, Dax sera toujours la proie de l'armée avide incapable de sentiments condamné à sans cesse obéir aux ordres impuissant à aider ses hommes quoiqu'il puisse tenter. Le film se termine sur une fin incertaine où Dax refuse de dire à ses hommes qu'ils doivent retourner au front ceux-ci s'étant joint aux paroles d'une chanteuse allemande (interprétée par Christiane Kubrick, [ex-femme du réalisateur] )en larmes chantant une populaire "chanson de soldat".
Un excellent film mais très feel-bad et déconseillé aux personnes ayant le blues.