Un film sur la guerre et non de guerre.
Dans tous les genres Kubrick a excellé, remaniant à chaque fois les codes et se les attribuant.
Son premier film touchait déjà à la guerre, mais la seconde. Ici Stanley s'attaque à la première et choisit de montrer le camp français.
L'ouverture sur une Marseillaise burlesque donne tout son ton à ce chef d'oeuvre : ironique.
Tous n'est que cirque et danse où le moindre déplacement dans une pièce, le moindre mouvement de caméra est chorégraphié (on connait la fluidité de la caméra de Kubrick qui ici se prête aux dédales sublimes que sont les tranchées boueuses.)
Révolutionnaire ; jamais tel film aura été aussi moderne dans sa façon de filmer, dans ses dialogues, dans ses effets spéciaux (champ de bataille terriblement bien fait pour un film de 1957 !!)...
Frustrant pour ceux qui s'attendaient à un film DE guerre ; en effet Kubrick n'utilise la guerre que comme support à une réflexion plus vaste et focalise l'intrigue sur le combat d'un colonel tentant tout pour sauver l'honneur de ces hommes dont la dignité est bafouée par des supérieurs misérables et méprisants.
Oeuvre anti-militariste loin d'être facile, Les Sentiers de la Gloire révolutionne pour sa modernité et son traitement brillant d'une réalité dure qu'est la guerre, choisissant volontairement de montrer le côté français, les "gentils", et non celui des Allemands, les "méchants". La violence est brute, les propos crus et violent envers certaines valeurs établies de l'époque. Le tout magnifié par des zooms cultes, une fluidité impressionnante et des plans renversants où photographie et peinture se mélangent.
Une oeuvre engagée et un chef d'oeuvre cinématographique, Kubrick réussi encore son coup.