Hollywood Classics

Ce n'est pas un gros 8/10 enthousiaste, plutôt un petit 8/10 satisfait, face à ce film de gangsters à l'ancienne qui s'inscrit ostensiblement dans une forme de classicisme hollywoodien.

C'est agréable, le classicisme, et ça a ses bons côtés, à l'image de la mise en scène ample et fluide de Sam Mendes, de la photo léchée de Conrad Hall, ou de la musique magnifique de Thomas Newman...
Certes, le scénario peine à surprendre, ne sortant jamais vraiment du cadre attendu, mais en compensation Sam Mendes multiplie les scènes tendues et bien construites (par exemple celle du diner au bord de la route, très réussie).

De même, on apprécie de croiser des comédiens de la trempe de Paul Newman (pour son ultime rôle au cinéma), Tom Hanks, Stanley Tucci, Daniel Craig, Jude Law, ou encore Jennifer Jason Leigh, dans un rôle sacrifié puisque le réalisateur assume de faire un pur film d'hommes...

En parlant de la distribution, j'estime toutefois que Mendes et ses producteurs ont commis une grosse erreur de casting : le drame familial au cœur du récit aurait pu se révéler bien plus percutant avec un vrai "dur" dans le rôle de Michael Sullivan Sr, afin de surprendre et émouvoir le public lorsque le héros commence à fendre l'armure.
Au lieu de ça, le choix s'est porté sur Tom Hanks, l'archétype du gentil un peu mou : l'acteur ne démérite pas, au contraire, mais son évolution psychologique n'a évidemment pas le même impact, tant elle apparaît attendue.

Quoi qu'il en soit, le polyvalent Sam Mendes signe à nouveau une belle réussite avec ce deuxième long-métrage, confirmant son indéniable talent après le triomphe d'"American Beauty".
Adaptation d'un roman graphique de Max Allan Collins, "Road to Perdition" mêle habilement film de gangsters et drame intimiste, se plaçant judicieusement à hauteur d'enfant, histoire de renouveler le genre sans en avoir l'air.