Très bon western qui reprend l'histoire des "Sept Samouraïs" d'Akira Kurosawa, transposée dans l'ouest américain. Terrorisés par Calvera et sa bande impitoyable qui pillent les récoltes, les habitants d'un village mexicain décident de faire appel à des mercenaires pour se protéger. Ils arrivent dans une ville frontière, où les habitants refusent leur cimetière aux étrangers. Un Mexicain vient de mourir, ses obsèques ont été réglées par un voyageur. Mais le croque mort, terrorisé par le racisme ambiant, refuse d'accompagner le corbillard... Chris Adams (Yul Brüner) décide d'intervenir et mène le chariot funéraire, secondé par Vin Tanner (Steve Mc Queen), prêt à faire feu sur quiconque s'opposerait aux funérailles. Les trois Mexicains assistent à leur succès et proposent à Chris de travailler pour eux. Les risques sont considérables et la paie symbolique (20 dollars).
Chris Adams accepte et recrute six complices... Chasseur de primes au solide sens moral, il défendra les villageois car ils offrent tout l'argent qu'ils possèdent. Sans illusions, il n'attend ni reconnaissance, ni récompense : "Le vieux a raison : les paysans ont gagné. Nous, on perd toujours." Le recrutement permet de présenter chaque mercenaire, avec son épaisseur humaine et sa complexité. Vin Tanner, qui se veut le second de Chris, dilapide au jeu l'argent de minables petits boulots. Mercenaire nonchalant, il aime raconter des histoires avec un sourire en coin : "Ca me rappelle l'histoire de ce type qui s'était jeté sur un cactus après s'être mis tout nu. Moi aussi, je lui ai demandé pourquoi." - "Alors ?" - "Il m'a dit que sur le moment, l'idée l'avait tenté".
Un des plus sympathiques de la bande, Bernardo O'Reilly (Charles Bronson) ne se considère pas comme un héros. Pendant la fête du village mexicain, il offre un sifflet à une fillette. Et il lie de solides relations avec trois jeunes Mexicains : "Vous me croyez brave parce que je porte une arme. Vos pères sont plus courageux car ils portent des responsabilités... Je n'ai jamais eu ce genre de courage...".
Un jeune paysan fasciné par l'habileté des tireurs force les mercenaires, après deux échecs cuisants, à l'accepter dans leur groupe. Chico prouve son efficacité au moment de leur entrée dans le village. Il sonne la cloche de l'église pour réunir les villageois terrés de peur. Dans un discours improvisé, Chico les comparent à des poulets de basse cour... Après le passage de la bande de Calvera, il s'infiltre de nuit parmi eux et obtient de précieuses informations.
Quant aux trois autres mercenaires, Harry est persuadé que les 20 dollars cachent un trésor, sur lequel Chris lorgne hypocritement. Obsédé par l'argent, il croit à la présence d'une mine de pierres précieuses, malgré l'étonnement qu'il suscite. Lee (Robert Waughn), plongé dans une phase dépressive, est rongé d'angoisses : "L'imbécillité suprême : venir se cacher ici. Le déserteur qui se cache au milieu du champ de bataille." Enfin Britt (James Coburn) est expert dans toutes armes. Mais sa préférence va au lancer de couteau. Calvera et sa trentaine de bandits jouent une partie difficile face à de tels adversaires.
John Sturges brosse avec humanité et profondeur les relations entre mercenaires et villageois et même, entre Chris et Calvera. Quelles sont les motifs de risquer sa peau ? Le butin, l'argent, le goût de l'aventure, la peur de ne pas être à la hauteur, une fierté de professionnel. L'amitié et l'amour jouent également un rôle moteur. Cela contribue à la réussite du film. N'oublions pas la zizique ! Elmer Bernstein, spécialiste de la musique de film, excelle dans le western, où ses compositions accompagnent les chevauchées de John Wayne. Le célèbre refrain des "Sept Mercenaires" est une signature sonore vigoureuse, un appel à l'aventure à travers l'infini des grands espaces, un hymne à l'esprit pionnier du Far West.