Se posant en tant que chef-d’oeuvre ultime du film de samouraïs, du cinéma japonais et même asiatique en général, Les Sept Samouraïs demeure plus de 60 ans après sa sortie comme un des films les plus estimé de l’histoire du 7ème art. Alors est-ce qu’une oeuvre aussi datée a-t-elle pu conserver le statut quasi divin qu’on lui a accordé il y a maintenant des années ? Et comment !
Déjà comment ne pas commencer par cette sublime galerie de personnages formidablement bien interprétés. Que ce soit les malheureux paysans, tous imparfaits mais tellement humains, ou les sept valeureux, chacun parfaitement identifiable par leurs traits de caractères ou leurs motivations diverses les poussant à rejoindre la veine entreprise qui est celle de défendre un village du fond fin de la campagne japonaise face à une horde malfaisante de bandits. Les personnages correspondent parfaitement à l’histoire que nous conte Kurosawa et qui semble pouvoir concerner chacun d’entre nous. Aussi bien épique que tragique, drôle qu’émouvante, elle ne peut que résonner en nous lorsque l'on se remémore les traumatismes surmontés par les paysans, la bravoure des samouraïs ou les expériences et les épreuves que doivent subir les protagonistes. La perte d’un compagnon, le devoir de se battre pour une autre cause que la sienne, l’amour impossible, la recherche de la gloire, autant de thèmes que nombre d’oeuvre artistique ont pu traiter et auxquels les spectateurs que nous sommes ont pu être confrontés, en fiction ou ailleurs. La cohabitation sociale entre les deux classes les plus opposées possibles, les fiers samouraïs et les pauvres paysans, nous fait prendre conscience des barrières inutiles et révoltantes qui séparent les êtres humains. Toute la dimension humaine du film, qui revient à la base des relations nous liant les uns aux autres, est sans doute celle qui a fait que Les Sept Samouraïs s’est élevé au-dessus des autres oeuvres du maitre Kurosawa, et au-dessus du cinéma lui-même.
Étant donné que l’on parle d’Akira Kurosawa, on ne peut que tomber en pâmoison devant le travail de réalisation que mène l’esthète. Sa mise en scène est toute simplement impeccable. La construction millimétré des plans, les mouvements de caméra, la direction des acteurs et la sublime photographie nous marquent chaudement la rétine jusqu’au prochain visionnage où l’on peut encore les redécouvrir. Par son cadrage, Kuro sait aussi bien capter l’intensité d’un dialogue que la violence d’un combat. Trois heures et en noir et blanc, il n’en reste pas moins un des films les plus passionnants qu’il m’a été donné de voir.
Alors oui, Les Sept Samouraïs est ce que l’on nomme un chef-d’œuvre intemporel. N’importe qui aujourd’hui et demain pourrai et pourra le voir et le trouver toujours aussi pertinent grâce à son histoire et à sa réalisation qui traverse les époques, preuves de la qualité quasi divine de ce film. Les Sept Samouraïs est LA leçon de cinéma, celle que l’on oublie pas et qui servira à jamais de référence.