Les sept samouraïs, c'est une référence absolue, rien qu'à en prononcer le nom, les cinéphiles allument l'encens sur l'autel domestique. Ressorti donc cette été dans les salles obscures, et vu pour la troisième fois pour ma part, le film est-il à la hauteur de sa réputation?
Les sept samouraïs, c'est une intrigue simple : des bandits menaçant un village de paysans, ceux-ci engagent des mercenaires pour se défendre. Une telle intrigue ne permet pas, normalement, de faire un film de plus de trois heures.
C'est qu'au travers du film de chambara (sabre japonais), c'est toute la comédie humaine qui défile. Et là, les personnages, c'est du pur bonheur. Aucun n'est complètement épargné, même pas les samouraïs du titre, prêts à humilier celui qu'ils ne reconnaissent pas comme l'un des leurs. (et quelle scène que cette humiliation!)
Pour autant, ces samouraïs représentent l'archétype même du héros : affrontant des forces bien supérieures en nombre, ils sont prêts à risquer leur vie simplement pour trois repas de riz blanc par jour. (Les sept samouraïs, c'est un peu aussi le clan des hôtes au riz).
Et le riz, quel enjeu, quand un paysan larmoyant nourri au millet ramasse les quelques grains qui restent, éparpillés au sol. Et quelle classe quand on se rend compte que le paysan, loin d'être la brebis sans défense qu'on imagine, se prive par avarice, qu'il a peur de tout mais qu'il tue les samouraïs blessés sur les nombreux champs de bataille de l'époque. Et par-dessus tout les samouraïs qui, leur premier élan de colère calmé, décident de les défendre malgré tout?
En clair, Les sept samouraïs collectionne les superlatifs. C'est constamment magnifique, brillant, intelligent, et j'en passe.
Mais de plus, il fait partie de ces films pour lesquels il y a un avant, et un après. Kurosawa ne fait pas que nous offrir la condition humaine en film, il révolutionne le genre chambara, lui donnant ses lettres de noblesses et une ambition toute autre. Désormais, les combats dans ces films seront plus précis, le spectacle en sera affiné.
Et puis bien sûr, il y a toute la mythologie autour de ce film. Car cette histoire simple, c'est celle finalement du ou des héros qui se dressent face à l'injustice. Mais ces héros, et c'est ce qui rend le film intemporel, ils sont on ne peut plus humains. Alors Les sept samouraïs, ça attire les réalisateurs, que ce soit en reprenant le film d'assez prêt (Les sept mercenaires, et toutes les suites/remake que l'on sait), ou en se contentant de reprendre la trame (Seven swords, Le Dieu de la guerre).
De par sa qualité, mais aussi de par la diversité des reprises, Les sept samouraïs est donc plus qu'un film, c'est un mythe fondateur.