Au début des années 1970, la société a brusquement changé. La libération sexuelle est passée par là et un ton plus subversif est devenu la norme. Dans ce contexte, les films d’épouvante sont en pleine mutation et ce qu’on ose montrer à l’écran est désormais plus radical que ce qu’on pouvait montrer il y a tout juste quelques années. C’est le moment évident du déclin de la Hammer dont les films vont très vite devenir dépassés.
Voulant s’accrocher au genre, Les Sévices de Dracula cherche également à coller avec son époque. Plus gore et plus dénudé que les précédentes productions, il s’efforce de moderniser un savoir-faire que la Hammer maîtrise depuis plus d’une décennie avec des moyens parfois limités. Si Peter Cushing est toujours là en personnage aussi malsain que ceux qu’il veut combattre (l’Inquisition face aux forces du mal), si les décors se veulent toujours aussi particuliers, l’ambiance est ici moins réussie. Les couleurs flamboyantes ont cédé leur place à une atmosphère plus terne et on sent une volonté de se rapprocher de quelque chose de plus réaliste.
Or la force des films de la Hammer de la grande époque, c’est justement cette atmosphère volontiers poétique et onirique qui mythifie des histoires plutôt que de tout faire pour les rendre réalistes. On y perd ici toute la substance qui fait le charme si particulier de cette précieuse société de production. Les Sévices de Dracula n’est pas en lui-même un mauvais film mais (et c’est une drôle d’ironie) il paraît sans âme, s’évertuant à cocher les cases attendues par un spectateur plus moderne. Plus sanguinaire, plus érotique, il en oublie ses personnages (aucun n’est vraiment passionnant), l’intrigue tourne parfois à vide et certaines situations sont proches du ridicule. On sent bien à la vision de ce film que le déclin de la Hammer est inexorable car la magie n’opère plus même si la réalisation est suffisamment solide pour sauver les apparences.