Le film appartient à une trilogie, dont l'idée ne vient pas de l'équipe de la Hammer elle-même, mais du producteur Harry Fine et de ses associés. Le film est donc une coproduction et non un pur Hammer, et le réalisateur n'appartient pas à la maison. Cette trilogie est appelée la « trilogie Karlstein » du nom de famille de la vampire Mircalla Karlstein, personnage inspiré de Carmilla, célèbre roman de Sheridan le Fanu. Le titre du film du au distributeur français est stupide et mensonger. Twins of Evil, le titre original, est d'une intelligence assez rare puisqu'il ne renvoie pas seulement aux deux jumelles du film mais à la double figure du mal, toutes les deux sacrifiant des victimes innocentes. Le mal traditionnel incarné par le vampire, aristocrate décadent et cruel dans la pure tradition Hammer et le mal du fanatisme religieux, incarné par Gustav Weil (Peter Cushing), soldat de Dieu, bigot sinistre et puritain, croisé fanatique et assoiffé de sang, misogyne pour qui les femmes doivent être détruites car elles sont des objets de fantasmes. Cette deuxième version du mal étant ici encore pire que la première qui a au moins le mérite d'être attirante et érotique. Le film est typique de l'évolution de la Hammer dans les années 70 avec une violence de plus en plus gore et un érotisme de plus en plus explicite. Les deux actrices jumelles, maltaises, ont d'ailleurs été engagées après avoir été vues sur une couverture de Playboy. C'est d'ailleurs une des faiblesses du film car elles ne sont pas très bonnes comédiennes et sont de plus doublées en anglais à cause de leur accent maltais trop prononcé. Peter Cushing, visage dur et sombre, presque cadavérique, amaigri suite au décès tragique de sa femme, est ici au sommet de son art. Ce film est une petite réussite où la lutte du bien contre le mal, grand classique des films de vampires, est traité d'une manière originale, le bien se révélant souvent pire que le mal.