« Les suffragettes » se place dans la catégorie des films honnêtes. Une mise en scène classique mais plutôt bien menée, une parfaite reconstitution de l’époque et des mentalités, un respect de la chronologie des évènements bien incorporé au récit et une interprétation hors pair et classieuse de Carrey Mulligan, Héléna Bonham Carter, Brendan Gleeson, Anne Maie duff, Ben Whishaw et bien sur Meryl Streep, dans le rôle (très court mais probant) d’Emmeline Pankhurst chef de file charismatique des « suffragettes » .
Pourtant malgré cette bonne volonté et cette implication générale, le film ne réussit vraiment jamais à surprendre. Cela tient principalement au choix même du scénario qui se focalise principalement sur le personnage de Maud Watts, pas vraiment militante au début, mais qui à trop subir les affres de la situation (incompréhension, exclusion, sévices) finira par devenir l’une des activistes du mouvement. Il en va des films comme du roman social, oscillant entre deux courants, celui où le message se compose sur le mélodrame et l’apitoiement dans le style « La porteuse de pain » et celui plus naturaliste, reposant sur des faits et une étude de caractères très affinés, avec comme exemple « Gervaise ».
Sarah Gavron opte pour le premier choix, et vient dénaturer son objectif initial, celui de nous plonger au cœur même du combat féministe d'alors, avec ses tenants et aboutissants. Il aurait été plus judicieux de s’attarder sur la figure emblématique de Emily Davison, ou mieux encore d’Emmeline Pankhurst, cela aurait donné plus de force au film, et rendre ce combat, qui a quand même bouleversé les consciences en Europe et dans le monde, moins anecdotique.