Dans Les temps modernes, on suit le quotidien d’un ouvrier atteint d’une dépression nerveuse qui a du mal à se faire apprécier de ses collègues. Pour se débarrasser de lui, on appelle un jour les ambulanciers qui vont l’amener à l’hôpital afin que sa maladie soit traitée. Après s’être fait soigner, il se retrouve sans emploi. Un jour, il rencontre une jeune femme seule, triste et perdue. Avec elle, il essaiera de se trouver un nouvel emploi et de se rebâtir une nouvelle vie.
Comme à peu près tous les Chaplin, ce film est un chef-d’œuvre sur tous les points. Premièrement, il exploite extrêmement bien absolument tous les codes du burlesque :
Keystone Cops (au moment où tous les détenus de la prison doivent suivre les gardiens, on les voit sortir du champ. Peu de temps après, on les voit revenir, mais cette fois-ci, ce sont les détenus qui menacent les gardiens de leurs fusils);
Bastonnade (après la scène du Keystone Cops que je viens de décrire, le personnage de Charlot se rebelle contre les détenus et aide les gardiens à s’en sortir. Pour se faire, il se bat contre les prisonniers en frappant leur tête contre la porte);
Chute corporelle (lorsque les deux personnages principaux se font arrêter et se retrouvent dans le camion, celui-ci dérape et les personnages font une chute hors du camion);
Utilisation de la nourriture (au début du film, le personnage de Charlot se fait choisir pour être le testeur d’un distributeur de nourriture automatique. Au fur et à mesure du test, la machine se met à mal fonctionner et Charlot se prend tout au visage);
Running gag (le personnage de Charlot se fait arrêter trois fois durant le long-métrage. Une fois au début quand on le prend pour un dirigeant communiste, une autre fois dans un restaurant et une dernière fois quand il blesse un policier par accident en lui envoyant une brique derrière la tête);
La rapidité des mouvements;
Les effets comiques inattendus;
etc.
Il est évident que le cinéaste a tout donné pour son dernier long-métrage muet, abandonnant avec beauté et aisance ce personnage si riche et haut en couleur qu’est Charlot. C’est en voyant ce genre de films que l’on se rend compte que la plupart des comédies américaines d’aujourd’hui sont loin d’être extraordinaires. Ce qui est incroyable dans ce film (ce qui va suivre est d’ailleurs très intelligemment fait) c’est que l’on rit tellement que ça en devient encore plus drôle. On rit parce qu’on rit. Rien de moins.
J’aime aussi beaucoup le fait que Chaplin réussit à nous pondre quelque chose d’hilarant à partir d’un sujet extrêmement sérieux et délicat. Le film dénonce tout de même les mauvaises conditions des ouvriers de cette époque. C’est pareil pour tous ses autres films : dans Le dictateur (1940), il se moque littéralement d’Hitler, le sujet principal dans The Kid est également très sérieux et touchant, dans Les lumières de la ville, il tombe amoureux d'une femme aveugle et essaie de la faire sortir de la misère, etc. Il était ce que j’appelle personnellement un génie, tout simplement.
La scène que je préfère dans Les temps modernes est celle du distributeur de nourriture. Elle est à mourir de rire. D’ailleurs, j’ai tellement aimé le film qu’il est passé en numéro sept dans la liste de mes films préférés. À voir absolument.