"Se bella giu satora, jenotre so cafore..."

Satire du travail à la chaîne et réquisitoire contre les conditions de vie lors de la Grande Dépression, « Les Temps Modernes » est le dernier film muet mettant en scène Charlot. Il faut être honnête, ce film est le meilleur, incontestablement, de Charlie Chaplin, en tout cas durant l’époque du muet. Même si le réalisateur fait le choix d’abandonner l’idée du format parlant, pensant que Charlot n’y survivrait pas, il s’autorise tout de même quelques séquences de dialogues et de chant, dans des situations bien précises et exclusives, dont la célèbre chanson de Charlot, qui sonne comme un adieu, et qui ne manquera pas de nous toucher.

J’ai adoré l’humour burlesque et les attitudes insolites du personnage. J’ai ri de bon cœur tout le long du film. J’ai aimé l’intelligence de l’histoire et surtout l’intention du contexte. Chaque séquence trouve sa place dans l’œuvre (ce qui n’est pas toujours le cas dans les films de Charlot).

L’intelligence de la mise en scène est incroyable, par exemple lorsque le patron n’arrête pas de dire à Charlot qu’il espère qu’il sait chanter, le spectateur se demande comment le personnage d’ordinaire muet va se dépêtrer de cette affaire. Alors tout le monde ne souhaite plus qu’une chose, entendre la voix de Chaplin, ce qui créait une attente particulière.

Le film clôt l’ère du muet de manière sublime et ingénieuse. Impossible de douter du talent de Chaplin avec ce chef d’œuvre incontesté, qui marque de sa pierre l’histoire du cinéma.