Les Tontons flingueurs par Gérard Rocher La Fête de l'Art

" Le Mexicain ", truand notoire, est mourant. Il convoque alors son meilleur ami, Fernand, un autre truand quelque peu repenti, devenu propriétaire d'une usine très prospère de tracteurs, afin qu'il perpétue la bonne marche de ses affaires. Par ailleurs "Le Mexicain" confie à son ami sa fille Patricia, loin d'être timide et peu farouche, afin qu'il gère au mieux son éducation.. Pour régler l'acte il est fait appel à maître François, un notaire plutôt "bienveillant". Tout irait donc pour le mieux si quelques prétendants, en l'occurrence les frères Volfoni ainsi que les inséparables Théo et Tomate, flairant une affaire juteuse, ne tentaient de se "rapprocher" de Fernand. Mais celui-ci a de l'expérience en matière de coups fourrés et, de plus, il prend sa nouvelle mission très au sérieux...


Quelle épreuve attend le brave Fernand, retiré du milieu et coulant des jours plus calmes à Montauban à la tête de son entreprise de matériel agricole? A deux jours de la foire, "Le Mexicain" se meurt et pour Fernand c'est onze ans de tranquillité qui se terminent. Si bien sûr il se doit de s'occuper de la turbulente Patricia, amoureuse du très snob Antoine Delafoy, il lui faut remettre de l'ordre dans la comptabilité des affaires de son ancien ami car certains ont eu la fâcheuse manie de se servir à leur guise. Là, ce n'est pas gagné car d'un côté les frères Volfoni ne sont pas hommes à baisser les bras et rêvent d'éliminer Fernand et de l'autre Théo et Tomate ont le même but sauf qu'ils verraient d'un bon œil l'élimination des frères Volfoni, dangereux concurrents. Heureusement Fernand n'est pas seul car le notaire et son majordome ainsi que deux tireurs d'élite sont là pour le servir et régler quelques basses œuvres. Nous voici donc au cœur d'une infernale mêlée où coups de poings, coups fourrés et fusillades vont animer le séjour de Fernand dans la région parisienne. Parfois les beuveries et les vieux souvenirs de truands vont tenter de détendre cette atmosphère pesante mais ce ne sont que des trêves. De plus Patricia est une fugueuse qui a dans la tête de se marier avec son copain Antoine.Voilà donc un souci de plus à régler pour le pauvre Fernand alors que ses adversaires se font de plus en plus "pressants".


Voici l'un des fleurons du cinéma à la française des années soixante. Pensez donc, avec un Georges Lautner des grands jours à la manivelle, entouré de ses acteurs fétiches, ( et quels acteurs!), avec les textes du roman d' Albert Simonin adaptés pour l'écran par Michel Audiard, on en saute au plafond ! Pour exemple, l'inoubliable Bernard Blier fou furieux après Fernand et vociférant: "Un bourre-pif ! Mais il est complètement malade, ce mec ! Aux quatre coins de Paris qu'on va l'retrouver, par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m'en fait trop, j'correctionne plus, j'dynamise, j'disperse, j'ventile ! " . Des tonnes d'autres répliques savoureuses abondent tout au long de ce film. Quant à l'intrigue, elle va de rebondissements en rebondissements, de coups fourrés en coups fourrés et de pétarades en pétarades. On ne peut que se remémorer certaines scènes d'anthologie, telle celle des protagonistes de cette sombre histoire, réunis dans une cuisine, biens éméchés, pactisant devant une énorme bouteille d'eau de vie et se demandant d'un air songeur s'il y a de la pomme! Alors bien sûr Lino Ventura dans le personnage de Fernand, tantôt froid, tantôt bagarreur mais toujours humain est transcendant tout comme le sont Bernard Blier et Jean Lefebvre dans les rôles de ces pauvres frères Volfoni roulés dans la farine par Théo, Horst Frank et Tomate, Charles Régnier. Et puis il y a le formidable Francis Blanche en notaire un peu véreux à la gâchette facile ainsi que "l'indispensable" Robert Dalban en majordome au passé aussi douteux que celui de son patron. Sabine Sinjen nous campe une charmante Patricia sûre d'elle et amoureuse d'un snobinard fou de musique classique et de littérature, joué par un Claude Rich remarquable. Bien d'autres personnages admirablement interprétés viennent corser cette comédie pour contribuer à apporter tous les ingrédients qui servent à réaliser un très bon film. Il convient de mentionner la fameuse musique de Michel Magne dont la petite ritournelle ponctue les KO subis par l'infortuné Raoul Volfoni.


Cette œuvre est également émouvante car la plupart de ces merveilleux acteurs sont aujourd'hui disparus. Ils nous ont plus d'une fois fait rêver. Grâce à un tel film, ils ne pourront que rester présents dans la mémoire des cinéphiles. En effet ils étaient pour nous des monstres sacrés et dans ce film de sacrés monstres !


C'est un chef-d'œuvre d'humour et un festival de bons mots.

Grard-Rocher
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les inoubliables. et Cinéma : Entrez dans le monde du polar.

Créée

le 23 nov. 2013

Modifiée

le 11 mai 2013

Critique lue 3.9K fois

108 j'aime

28 commentaires

Critique lue 3.9K fois

108
28

D'autres avis sur Les Tontons flingueurs

Les Tontons flingueurs
Torpenn
7

Pour Lino, les hommes, du président pour Blier.

Difficile de revenir sur un mythe aussi costaud que celui-ci... Entouré d'un culte impressionnant, le film s'impose en force, cité dans tous les troquets que j'ai fréquenté, adulé par beaucoup, ses ...

le 26 nov. 2010

106 j'aime

18

Les Tontons flingueurs
SeigneurAo
10

C'est quand meme marrant les évolutions, quand je l'ai connu le mexicain, il recrutait pas chez tont

À chaque fois c'est pareil. Je me dis que ce film est malgré tout faible, le scénario est quasi-inexistant, l'action est molle, les acteurs en font des caisses. Finalement, c'est surtout une...

le 25 août 2011

78 j'aime

27

Les Tontons flingueurs
Vincent-Ruozzi
10

Des répliques cultes

Je n'ose pas me lancer dans une critique des Tontons Flingueurs... Voici donc les répliques qui m'ont le plus marqué: "Les cons, ça ose tout! C'est même à ça qu'on les reconnaît." - Monsieur...

le 16 mai 2014

56 j'aime

17

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

178 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

171 j'aime

37

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

158 j'aime

47