Régénérer le Teen Movie, tout en respectant la plupart de ses codes, voilà qui est une saine ambition et un pari en grande partie réussi par l'Américain Riddle of Fire, riche en fantaisie. Avec Les trois fantastiques, Michaël Richter s'est visiblement fixé une autre ambition, l'insouciance du début du film se muant peu à peu en quelque chose de bien moins conciliant et même de tragique. Le long-métrage est situé du côté de Sedan, avec pour toile de fond une fermeture d'usine et un contexte social plus que difficile. Ce sont les Ardennes sans Champagne, avec la sinistrose pour compagne. Drôle d'endroit pour un film d'apprentissage, qui semble d'ailleurs progressivement contaminé par une atmosphère délétère. Le réalisateur, Michaël Dichter, ne lésine pas sur l'action ni sur le suspense, poussant l'invraisemblance assez loin, mais échoue en grande partie à faire cohabiter l'évocation des liens amicaux de son trio juvénile avec un sujet comme le harcèlement scolaire, par exemple, ou, plus léger, l'amorce d'une romance amoureuse. Si les acteurs adolescents sont parfaits, leurs aînés, malgré tout le talent de Raphaël Quenard et de Emmanuelle Bercot, ont du mal à faire exister des personnages bien trop schématiques pour y adhérer. En s'éloignant de son genre originel, Les trois fantastiques ressemble à un essai intrépide mais dont les ingrédients ne fonctionnent pas avec la même acuité et se marient difficilement.