Je me suis amusé à mettre 4 films d'espionnage en perspective Espion lève-toi (1981), L'espion qui venait du froid (1965), La lettre du Kremlin (1970) et Les trois jours du Condor (1975). Eh bien, de façon surprenante, c'est les deux plus récents qui sont à la peine. Attention, les films de Boisset et Pollack restent de très bons films. Mais, comparés aux plus anciens (Huston et Ritt), les scénarios et les personnages sont peut-être un peu moins travaillés.
Je ne reviens pas sur le film de Boisset dont j'ai déjà rédigé une critique et je ne m'intéresse qu'au film de Pollack.
D'abord , l'intrigue : comme d'habitude, l'intrigue est tortueuse - un invariant dans le film d'espionnage - mais ici on possède les clés pour à peu près comprendre le fin mot de l'histoire.
Grosso modo, Atwood, un chef (intermédiaire) de la CIA a voulu monter un projet hors de contrôle de la hiérarchie. Le projet éventé, il a éliminé tout ce qui gênait sauf le Condor. Une fois, Atwood éliminé, tout devrait pouvoir rentrer dans l'ordre sauf si...
Bon, ok, la curiosité du spectateur est satisfaite. Sauf que le mystère est désacralisé ... et l'angoisse du spectateur disparaît alors que le principe du (bon) film d'espionnage, c'est de terminer le film avec les spectateurs dans le brouillard complet, l'angoisse au maximum et le cœur qui bat à 150 tours/minute sans oublier le sentiment d'impuissance devant ce monde parallèle où tous les coups sont permis.
Cette déviance par rapport au film d'espionnage classique est peut-être une conséquence de l'affaire Watergate qui a eu lieu une ou deux années auparavant laissant penser que les barbouzades, au moins sur le territoire des Etats-Unis, ne pouvaient qu'être dévoilées au grand public, être expliquées point par point et en incriminant les grands chefs si possible.
Ici le film commence bien avec Jo Turner dit le Condor (Redford), en dilettante chevauchant son solex (si, si) dans les rues de New York puis le massacre du département complet sauf Redford puis la fuite éperdue, etc etc ... Là on est dans le classique. Oublions les petites invraisemblances (Redford allant chercher les sandwich sous la pluie et dont la chevelure est sans une goutte d'eau ou bien encore les capacités de téléphoniste de Redford qui n'est a priori qu'un lecteur décrypteur de romans pour le compte de la CIA...). Là, où je suis un peu perplexe c'est à propos de la romance entre Redford et Dunaway ; ça ne me parait vraiment pas crédible. Je sais, le syndrome de Stokholm , ... Je pense surtout que le scénario est allé à la facilité en traînant les deux acteurs dans quelque chose de bien inutile.
Pour finir, il faut mentionner Max Von Sydow dans le tueur froid et méthodique qui remplit ses contrats, en grand seigneur, avec la plus grande rigueur. C'est peut-être l'acteur qui tire le mieux son épingle du jeu.
Deux belles scènes, très efficaces, dans l'ascenseur où Von Sydow fait face à Redford et celle où, Von Sydow se fait le plaisir de rendre le pistolet à Redford, abasourdi...