Ca fait toujours plaisir de revoir sur grand écran des films français de cape et d’épée, genre malheureusement tombé en désuétude. Surtout quand les moyens sont mis (60 millions d’euros pour le diptyque), et que le matériel de base est riche. Quitte à adapter un roman déjà porté des dizaines de fois à l’écran. Le résultat est-il à la hauteur des ambitions ?
Je dirai que le pari est globalement tenu, « Les Trois Mousquetaires : d’Artagnan » étant un divertissement honorable qui offre de bonnes idées… mais presque chacune semble s’empêtrer en contrepartie dans des défauts.
Il faut en premier lieu souligner la jolie distribution, chacun étant à sa place. En particulier François Civil en impétueux d’Artagnan, Eva Green (trop rare dans le cinéma français !) en Milady vénéneuse, ou Louis Garrel en Louis XIII. Pas grand-chose à redire là-dessus.
La mise en scène offre de jolis plans d’extérieurs sur des cavalcades, ou sur des châteaux & domaines, les mettant pertinemment en valeur. Ce qui aide à rendre crédible l’univers. Par contre, les scènes de rue manquent de plans larges ou d’exposition. Tout semble trop serré, comme s’il n’y avait pas eu le budget ou l’envie de recréer une vie respirante du 17ème siècle. Un peu dommage.
Question croisements de fers, le mot d’ordre est de faire du traveling et du (faux) plan-séquence. Ca a le mérite d’être immersif et de parfois secouer. Et cela a du sens narrativement parlant lorsque d’Artagnan est seul contre l’ennemi, telle cette première scène nocturne réussie. Mais cela nuit à la lisibilité et entrave la gestion de l’espace dès que plusieurs mousquetaires sont dans la bagarre, ce qui est souvent le cas ! Là encore, dommage, ce n’est pas rendre justice au travail des cascadeurs. Un découpage plus conventionnel avec des morceaux de bravoure individuels aurait été plus appréciable.
Ce parti pris est aussi préjudiciable pour développer une camaraderie entre d’Artagnan et les trois mousquetaires. Qui n’est évoquée que par une poignée de scènes et des ellipses. Néanmoins, cela laisse davantage de place au développement de d’Artagnan, et aux appréciables intrigues politiques. A ce niveau, le portrait nuancé de Louis XIII et du pouvoir royal est bien vu, apportant plus de profondeur narrative que d’autres adaptations sur ce thème.
Il y a aussi la volonté d’offrir un spectacle « revampé », avec ces grands costumes de cuir modernes (et apparemment anachroniques ?). A l’image d’une BO qui singe Hans Zimmer… dont quelques notes pompent même « The Dark Knight » ! On va dire que c’est de tradition, en son temps le « Cyrano de Bergerac » avec Depardieu avait allègrement « emprunté » au thème musical du « Batman » de 1989 !
A l’arrivée, « Les Trois Mousqetaires : d’Artagnan » n’est pas le renouveau attendu du cinéma de cape et d’épée. Mais un bon divertissement, qui semble plaire au public. A la grande satisfaction des producteurs, déjà dans le starting-blocks pour sortir la deuxième partie, des série TV, et d’autres adaptations de Dumas !