Comment deux films, pourtant tournés en même temps et partageant la même réalisation, direction artistique et casting peuvent ils être aussi différents dans le rendu ?
En effet le premier avait une introduction plaisante, une ligne narrative assez claire, et développait bien ses personnages avec des décors et des combats enlevés et plein de panaches.
Ici, le propos est confus et la mise en scène brouillonne. La narration est décousue, peu claire et les choix scenaristiques posent questions. Tout d’abord on retrouve trop de plans sombres et caméra épaule qui gâchent l’intensité du film. Les décors sont peu valorisés alors que dans les rares plans d’ensemble et au drone, cela fait son effet. L’impression de grandeur est là quand l’armée du roi part à La Rochelle mais le siège de celle ci est résumé à une escarmouche et quatre boulets de canons hélas, le tout en pleine nuit. C’est très inégal.
Le montage est également peu clair, l’enchainement des scènes et des intrigues est souvent sans transition, j’avais beau avoir vu le premier volet et le générique, je n’arrivais pas à suivre. Beaucoup de personnages, bien introduits dans le premier opus, tombent à l’eau : Richelieu n’a aucun développement et on ne cerne pas ses intentions, de même pour Louis XIII. Quant à son frère, grand méchant de l’histoire, il n’a aucun dénouement. De façon générale, ni les intentions ni les conclusions du récit ne sont développées.
Prenons Constance. Assez présente dans le premier volet, elle est quasi absente du second et quand on la retrouve ce n’est que déception car on ne comprend pas son rôle et pourquoi elle se retrouve en Angleterre. Pire, le réalisateur fait un parallèle entre elle et Milady en la pendant - dans le livre elle est empoisonnée. Mais là où Milady s’en était sortie, elle meurt dans les bras de d’Artagnan. On ne comprend pas pourquoi Milady en est venue à la faire pendre, ni l’utilité de la scène ni même le parallèle.
Si ce second volet en revanche développe mieux les mousquetaires, ils n’ont pas de conclusion. Tout au plus comprenons nous qu’Aramis va entrer dans les ordres. Athos revient chez lui et devine que Milady a enlevé son fils, cliffhanger totalement différent du livre et très très peu clair, et Porthos reste Porthos, de bout en bout. Certes on a quelques moments drôles et enlevés avec Duris et Pio Marmai mais cela reste moins présent que dans le premier épisode.
Parlons de d’Artagnan et Milady. Le duo au cœur de l’intrigue. Leur relation est intriguante justement avec ce mélange de séduction. Mais on ne comprend pas les intentions de Milady. L’aime t elle ou veut elle le tuer ? Ce jeu de chat et de la souris jusqu’au duel final n’est là encore pas clair si bien qu’on se demande ce que raconte vraiment le film. La vengeance de d’Artagnan ? La vengeance de Milady ? Et puis vengeance de quoi ? Elle explique, le problème ce sont les hommes qui l'ont abusé. Milady a en effet un passé, ex femme d’Athos, pendue mais ayant pu s’échapper et devenir espionne de Richelieu, mais aussi agent double, sans que l'on comprenne le problème d'origine avec Athos et pourquoi le couple s'est brouillé et séparé. La confrontation entre les deux personnages, dans un sous-bois, n'apporte littéralement aucune réponse. Le film semble jouer en permanence de l’ellipse. On reste donc sur sa faim alors qu’on attend des conclusions dans un épisode conclusif.
Ce traitement des personnages est aussi tributaire, semble-t-il, de l’importance du casting. On grossit le rôle d’Athos car c’est Vincent Cassel. C’est à lui qu’on propose le poste de lieutenant des mousquetaires, au lieu de d’Artagnan dans le livre, parce que c’est le vétéran du casting. Idem pour Milady : Eva Green doit équilibrer comme quasi seule femme du casting son temps de présence à l'écran. C’est limite si le scénario n’est pas écrit pour suivre cette hiérarchie et le casting plutôt que pour raconter l'histoire originelle, qui apparait à plusieurs reprises trahis. Ce n'est pas grave l'infidélité dans l'adaptation. Au contraire, cela peut être bénéfique. Mais encore faut il qu'il y ait une justification, un message, un besoin derrière. Or, il y en a aucun.
Un pour tous mais pas pour deux.