Tiens, avec Pola X, Les valseuses est le second film que je n'ai pas le courage de regarder jusqu'à la fin. Seulement, si, dans le premier cas, c'était par le fait d'un ennui découlant d'un film que je n'ai su "joindre", "comprendre" ou "expérimenter", dans le second, c'est surtout dû à mon malaise qui est allé crescendo jusqu'au dégoût.
Je m'étais figuré qu'il s'agissait d'un de ces films dont le cinéma a régulièrement le secret, surtout en France, un film qui dépasse les bornes des limites, surtout du bon goût, pour proposer un brûlot provocateur. Plus d'une critique l'encense de cette manière, le présentant comme un road-movie avec deux marginaux vivant de menus larcins, truculent et sans complexe, avec une touche de poésie (sans doute celle qu'on a au bout du doigt quand on transperce le papier).
Il s'agit en réalité de l'errance de deux psychopathes, voleurs et prédateurs sexuels multiples s'adonnant occasionnellement au chantage, au viol, au cambriolage, à la torture, à la violence avec armes et au proxénétisme. Le malaise est né d'abord de cette volonté de dépeindre avec sympathie ces Lucas et Toole hexagonaux, alors qu'ils n'ont rien de sympathique, abrutis incultes voués à la seule satisfaction de leurs petites personnes sans considération pour autrui. Au final, en lieu et place de libération des moeurs, on voit surtout la libéralisation de la femme, vouée au plus offrant sans avoir son mot à dire. La scène de "la femme du train" (Brigitte Fossey, splendide et lumineuse) est un monument du genre glauque et répugnant, la pression y monte comme dans n'importe quel thriller où l'on voit le prédateur approcher sa proie dont on sait, dès le départ, ce qui va lui arriver. C'est entériné par Jean-Claude (Big Gégé), qui lance son "On n'est pas bien, là?", comme un terrifiant bouffon fardé et balafré lancerait son "Pourquoi cet air si sérieux?".
Mais, France oblige, on se cantonne aux pérégrinations de minables qui consacrent autant d'énergie à tenter de se justifier qu'à fourrer des minous et piquer du pognon. C'aurait pu flamboyer, si, à 26 (Gégé) et 27 ans (Patoche), nos compères avaient daigné signer la première victime d'une longue série, faisant basculer le film dans un pré-Silence des Agneaux goguenard.
Mais, point de tout ça. Juste les culs de basse fosse de l'humanité, sans repères moraux, sans empathie ni grandes considérations pour son prochain, malgré des aspirations à l'amour. Comme Devil's Rejects en moins grandiose, comme Henry, Portrait of Serial Killer, en moins réaliste, comme Tueurs-nés avec moins de panache.
Une tartine triste de laideur émétique.