Pour son quatrième film en tant que réalisateur, Jean-Pierre Mocky aurait passé une annonce dans un magazine afin que des femmes témoignent sur la perte de leur virginité. Il aurait, parait-il, reçu des milliers de réponses, dont cinq d'entre elles composent Les vierges. Qui est donc un film à sketches, mais, à l'instar de La ronde, chacune des histoires a un lien avec la suivante pour se rejoindre à la fin.
Le constat est, qu'en 1963, la virginité était souvent vue, dans le film en tout cas, comme le Graal pour le futur époux, ou alors si la femme l'avait perdue, elle était à la limite bonne à rien.
Si certaines de ces histoires donnent parfois à sourire (dont le troisième sketch), la deuxième et la dernière font froid dans le dos, avec un couple qui n'est pas vraiment assorti, au point que la femme ne ressent rien au moment d'embrasser son mari, et elle veut retarder le moment de passer à l'acte, alors que le type bout d'impatience. Et la dernière, où on retrouve Charles Aznavour, qui joue le patron d'une entreprise où travaille une employée de 18 ans qui est amoureuse de lui. Elle veut attendre trois ans (la majorité de l'époque) pour nouer une relation avec lui, alors qu'il est marié, mais il la refuse, laissant croire que c'est parce qu'elle est vierge.
On voit bien que tout le film est postsynchronisé, ce qui donne un aspect parfois artificiel aux dialogues, mais il y a un très beau noir et blanc signé Eugen Schüfftan (le chef opérateur de Metropolis !), et au fond, c'est la photographie d'une époque, pas si lointaine au fond. Avec quand même l'ironie chère à Mocky.