En 1928, dans la mer de Shodoshima, arrive une jeune institutrice, incarnée par Hideko Takamine, qui dénote de par ses déplacements à vélo de son domicile à l'école. Elle suscite l'admiration de de ses jeunes élèves de par sa modernité et sa proximité, au point de rallier l'ensemble des villageois au départ circonspects devant son attitude décontractée. On va la suivre durant 18 ans soit une année après la guerre, où ses enfants entre guillemets sont devenus adultes, et avec eux, le doux souvenir de cette institutrice.


Immense succès à sa sortie, et même dans le monde au point d'avoir raflé un Golden Globe, le film est empreint d'une grande mélancolie au travers des chansons qui exaltent le bon vieux temps, la mise en scène souvent elliptique où le texte, très poétique, nous raconte les sauts dans le temps, la crise économique des années 1930, l'arrivée de la guerre, avec ces magnifiques paysages à perte de vue. C'est aussi et surtout l'histoire de cette institutrice, merveilleusement jouée par Hideko Takamine (habituée du cinéma de Kinoshita et qu'on voyait déjà dans Carmen revient au pays), qui est la bonté et la gentillesse même, d'une grande dévotion envers ses élèves. Lesquels lui rendront bien où, à la suite d'une chute la laissant immobilisée, ils vont faire le choix d'aller chez elle à pied, ce qui va la bouleverser, et cimenter l'attache qu'ils vont avoir pendant près de vingt ans, magnifique conclusion d'un film vraiment émouvant.


La marque des grands films est de ne pas faire sentir la durée, plus de 2h30 quand même, et ça se voit comme dans un rêve, à l'image de ces futurs hommes et femmes pour qui cette institutrice pourrait être leur plus beau souvenir à la fin de leurs vies. Car on voit aussi le destin de certains d'entre eux changer au fur et à mesure ; une fille qui doit abandonner ses études pour s'occuper de sa famille, une autre qui doit partir de force à Osaka pour du travail, d'autres qui choisissent de travailler, et certains qui partent pour l'armée, funeste destin s'il en est à l'approche du conflit mondial.
On en ressort la gorge nouée, en voyant cette femme si importante aux yeux de ces enfants devenus adultes, et dont leurs propres enfants sont désormais ses élèves, comme quoi l'histoire continue pour au final donner quelque chose de très émouvant, pas du tout tire-larmes.

Boubakar
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le 1 sept. 2022

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