Le film de Mark Herman projette les préoccupations sociales dont le cinéma anglais des années 90 s'est fait le rapporteur le plus avisé (Tatchérisme oblige?) et le plus sincère. A l'instar de Ken Loach, de Stephen Frears ou de films isolés comme "The full Monty", Herman évoque à travers un cas particulier la condition précaire de la classe ouvrière anglaise sans se départir d'un humour tout aussi britannique.
En l'occurrence, la mine de la petite ville de Grimley va probablement fermer, entrainant un chômage massif et l'agonie de la cité, condamnant par la même occasion la fanfare centenaire de la commune. Les membres de cette sympathique formation musicale auront-ils le coeur et l'orgueil d'aller au bout du concours national dont ils pourraient être les lauréats?
C'est l'enjeu du film, dans lequel se détachent, au sein de la fanfare, quelques portraits exprimant l'existence, la crainte et désarroi des mineurs.
Cependant, l'originalité initiale du sujet, dans lequel la fanfare semble, symboliquement, recouvrir le sort des des mineurs, s'étiole progressivement. Le réalisateur s'en remet à des effets dramatiques prévisibles, à des conventions scénaristiques qui rappellent le sentimentalisme et l'humanisme niais des bluettes à l'américaine. Le film, alors, nous parait moins personnel, moins sincère. On retiendra surtout deux jolies scènes, celle où la fanfare
interprète le concerto d'Aranjuez et une autre, où un personnage s'en prend ouvertement et sans politesse à Tatcher et aux conservateurs.