Cinq acteurs (bon, je ne compte pas le bébé)
Une maison perdue dans la neige (pas trop loin d'autres mais ces dernières restent bien distantes).
Les premières notes de musiques ne se font entendre qu'à quelques minutes de la fin, quand un des protagonistes allume la radio.
Reste la tension, palpable, omniprésente, personnage principale du film. D'autant plus étouffante qu'elle anime tous les membres de ce huis-clos hivernal.
Entre le femme et le mari, entre le gendre et le beau-père, entre la fille et le père, et bien sûr entre les intrus et les hôtes, mais finalement de manière paradoxalement moins forte.
Les rôles, jusqu'au bout, resteront troubles et complexes, comme l'âme humaine.
Des moments magnifiques, comme lorsque Bill tend l'oreille pour entendre sa compagne parler des livres qu'écrit son père, se confiant à cet inconnu qui débarque, plus qu'elle ne le fera jamais avec lui, qui partage sa vie depuis des années.
Ou ce beau-père écrivain alcoolique qui fraternise immédiatement avec ceux qui sont venus se venger auprès des siens ("un beau-fils ? J'en ai toujours voulu un. Mais celui-là ?").
Le Vietnam, encore et toujours en trame de fond de ce drame qui, comme toujours, brasse dans son maelström diabolique le bien, le mal, le courage, la lâcheté, l'honneur, la vengeance, les valeurs ("ça n'a rien eu d'héroïque, je ne pouvais simplement pas bouger.")
Elia Kazan met en scène une pièce écrite par son fils.
C'est sombre, c'est sec. C'est implacable. C'est magnifique.