Un roman originel de 1950 (Simenon), un scénario qui fut le dernier de son auteur (Dabadie), une mise en scène d'un réalisateur jamais vraiment à la mode (Becker) et enfin un acteur qui n'a plus rien à prouver (Depardieu). Pour sûr que Les volets verts ne brille pas par la jeunesse de sa conception mais le film n'a pas, de toutes manières, l'ambition de plaire à ceux qui ne jurent que par un cinéma gonflé aux hormones et qui, par conséquent, détestent en général les productions françaises, coupables de lenteur et de lourdeur psychologique (un avis que l'on n'est pas obligé de partager). Les volets verts est pourtant un film au charme et au parfum intemporels, le portrait d'un comédien célèbre et amer au crépuscule de son existence. Le long-métrage est sans nulle doute moins sombre que le livre mais le trahit-il pour autant ? Pas si sûr, avec son récit qui avance à pas mesurés et qui se concentre sur son héros désabusé, sans pour autant négliger des seconds rôles qui comptent (à l'image de ce que le cinéma français réussissait, dans les années 50). Suranné, oui, le film l'est absolument, mais avec une élégance certaine, à laquelle la mise en images très sage de Jean Becker ne nuit pas. Il y a de l'épaisseur humaine, là dedans, et c'est ce qui importe. Depardieu, immense, occupe l'écran de la même façon que dans le Maigret de Leconte, avec son corps massif et son âme morose. Pour qui aime l'acteur, il est passionnant de le suivre dans ses dernières interprétations, comme si elles composaient une véritable biographie de l'homme vieillissant, derrière le masque de l'acteur.

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le 5 sept. 2022

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