Les Voleurs marque un tournant dans la carrière d'André Téchiné. C'est son plus grand succès commercial et la première fois qu'il se confronte au genre du film noir tant chéri par Alain Corneau.
La mort d'un homme comme point départ d'une intrigue sordide qui entremêle plusieurs destins de personnages. Celui d'Alex, un flic froid et solitaire qui croise la route de Juliette, une kleptomane douloureusement paumée, sous le regard jaloux de Marie, une professeur de philosophie follement amoureuse.
Mais c'est le petit garçon, Justin, fils du défunt, qui endosse le rôle du premier narrateur de cette longue galerie de personnages. D'une voix posée, sans une once d'émotion, il expose les faits. Sa lucidité est aussi frappante qu'effrayante. Précoce et non influençable, il part à la recherche de la vérité afin de percer le mystère autour de ce supposé accident.
Ce récit non linéaire et fragmenté désarçonne par sa rigueur narrative sous la forme de chapitrage et l'utilisation de la voix off ou plutôt des voix, puisque chacune d'entre elle est associée à un personnage, nous permettant ainsi d'accéder à son intériorité.
Mais derrière cette intrigue policière se cache une véritable tragédie familiale.
Une famille qui se heurte à la rivalité fraternelle, à l'absence d'une mère et à la violence d'un père, préférant un fils plutôt qu'un autre.
Deux frères que tout oppose. L'un est séducteur et s'enrichit grâce à de véreuses combines, l'autre est un flic rigoureux, mal aimé de par son métier, dont le manque de sourire en dit long sur sa profonde tristesse.
Sa rencontre avec Juliette, une autre âme isolée, vient rompre son incapacité d'aimer. Et Marie, l'amante de celle ci, sera sa fidèle alliée dans la recherche de l'être aimée.
Les Voleurs dérobent l'innocence d'un enfant face à la dureté du monde et seul un tour magie lui esquissera un sourire.