Jusqu'où ira Melissa, cette attachante gardienne de prison, dont la confiance sera mise à rude épreuve par le cercle mafieux corse ?
Borgo décortique les mécanismes de l'engrenage visant l'embrigadement. La cible étant Melissa, une femme rigoureuse et autoritaire, qui ne cherche pas d'histoires. Elle prône la bonne distance, une relation de surveillante à détenu, rien de plus. Malgré tout, elle est nouvelle sur l'île et découvre peu à peu ses coutumes. Les corses défendent un certain code d'honneur, "En corse, on n'oublie personne et personne ne nous oublie". Sous entendu, les services rendus, même si aucune demande n'a été faite, sont redevables. C'est ainsi que la manipulation mafieuse piège Mélissa contre son gré. Le piège est d'autant plus redoutable que le manipulateur en question Saveriu est un garçon juvénile qui n'a rien d'un mafieux aux gros bras et au regard froid.
Qui n'a jamais été en proie au savoureux goût du risque que provoque la transgression ? L'identification avec Mélissa est immédiate. Sa volonté de bien faire, son amour pour sa famille, son besoin d'intégration, créent de l'empathie envers le spectateur. Notre semblable est tentée par le diable au visage d'ange. Le film nous passionne encore plus quand il révèle l'ambivalence de l'héroïne lors de ses prises de décisions. Cela nous questionne tous sur notre part de responsabilité dans nos choix. Comment une vie ordinaire peut basculer dans le banditisme ? Mais surtout, comment pouvoir en assumer les conséquences ?
Toutes ces questions nous maintiennent dans un état de tension permanent. Accepter ou refuser un simple service peut bouleverser toute notre vie. Plus la tentation est grande, plus les enjeux dramatiques sont forts. Borgo joue habilement avec le sens moral du spectateur tout en dressant le beau portrait d'une femme courageuse en toutes circonstances.