Après avoir vu successivement "Christmas in July", "un cœur pris au piège", "Madame et ses flirts", qui sont des comédies dont je ne garderai pas un souvenir impérissable (cf critiques établies ces jours-ci), j'ai continué par le dernier opus du coffret, "les voyages de Sullivan" et là, je suis tombé sur un petit bijou ! J'ai eu le nez creux de finir par ce film qui m'ouvre l'appétit vers d'autres films de Preston Sturges.
D'abord, le scénario est un peu plus élaboré que ceux des trois autres comédies. Un réalisateur renommé hollywoodien en a marre de faire des comédies qu'il trouve insipides car ne reflétant pas la vie alors que le monde entier et en guerre et souffre, veut faire des films plus sociaux, plus dramatiques, plus proches des préoccupations des spectateurs. Mais, étant né une cuiller d'argent dans la bouche, que peut il bien savoir de la vraie vie ?
Qu'à cela ne tienne, il va tenter une expérience "in vivo" sur la route avec de vrais pauvres et de vrais laissés pour compte. Et de circonstances en péripéties, de tentatives en galères, il ira même jusqu'au bagne ... pour découvrir que ses compagnons de misère rient aux larmes à la vue d'un simple dessin animé comique car cela leur permet, au moins un instant, d'oublier leur condition.
Le film mélange adroitement plusieurs genres de cinéma du burlesque au sentimental, du comique au dramatique laissant volontiers l'émotion submerger le spectateur.
La scène où les bagnards vont assister à la séance de cinéma en compagnie d'une communauté noire au fin fond des marais est tout simplement magnifique d'abord, dans la préparation du public par le pasteur, puis dans l'accueil et l'arrivée des prisonniers enchainés puis par le rire spontané, homérique qui abolit toute différence de statut. Que de chaleur et que de sagesse dans cette scène !
Joel MacCrea et Veronika Lake sont excellents dans leur rôle tout en nuances mais sans en faire trop.
Oublions les petites invraisemblances ou ambiguïtés (Joel MacCrea a quand même été condamné pour une agression...) et surtout, ne boudons pas notre plaisir !