Dans un registre inhabituel pour lui, Sidney Lumet se sort très honorablement de cette adaptation d'une pièce de théâtre assez sombre et fort peu connue, à l'image de ce film... fort peu connue. Ce qui peut se comprendre tant celui-ci est peu aimable et réservé à un public relativement averti, mais si le réalisateur s'est déjà montré plus à l'aise derrière la caméra, il parvient toutefois à reconstituer la lourde ambiance pesant dans le pensionnat, le doute imprégnant les murs, l'ambiguïté de chaque personnage, la volonté de nous troubler constamment par un détail, un dialogue...
Non pas que « les apparences sont parfois trompeuses » soit un parti pris d'une audace ou d'une originalité folle, mais l'aspect très anxiogène, le renversement des valeurs, la remarquable interprétation (James Mason et Robert Preston y sont notamment impressionnants) donne beaucoup d'atouts et de sens à une expérience parfois un peu extrême, basculant dans l'étrange à plusieurs reprises (notamment lors du dénouement), mais ne laissant nullement indifférent : voilà un titre méritant bien plus que la quasi-indifférence dans laquelle il a toujours régné.