Du haut de ses 59 ans, le film de Georges Franju reste une des références incontournables de l'horreur à la française. Au vue de son âge, il est d'autant plus étonnant que le film soit aussi graphique. Le noir et blanc a beau atténuer le rendu, il n'en reste pas moins que Franju offre plusieurs plans marqués au scalpel. La principale scène d'opération est en temps réel, ce qui permet une scène aussi forte que radicale pour le spectateur.
Sans compter la seule fois où Edith Scob montre son véritable visage, sans modification, volontairement flouté. Franju a certainement opté pour ce stratagème pour éviter une trop grande censure (le film fut interdit aux moins de 16 ans).
Les yeux sans visage est avant tout un film sur une femme (Edith Scob) essayant de retrouver une liberté qu'elle n'a plus, bouffée par les obsessions de son père et de son assistante (Pierre Brasseur et Juliette Mayniel). Elle n'est pas le monstre, eux oui. Edith Scob est fantastique et en impose par sa prestance.
Les yeux sans visage n'a pas vieilli et son statut culte n'est pas usurpé. Aspect qui semble s'être confirmé il n'y a pas si longtemps, puisque le film a visiblement fait son petit effet lors de projections avec des lycéens.