Premier film d'horreur français, Les Yeux sans visage conserve aujourd'hui encore, soit presque soixante ans après, toute force d'antan. La mise en scène sobre et implacable de Georges Franju, l'interprétation solide de Pierre Brasseur, Juliette Mayniel et Édith Scob (un peu datée mais néanmoins efficace), l'utilisation ingénieuse des décors angoissants, la quasi-absence de musique se greffant à un suspense palpable... Autant de points qualitatifs qui rendent constamment le long-métrage prenant et addictif.
Alternant entre l'horreur chirurgicale, le polar à suspense et même parfois le fantastique, le film au rythme principalement posé ne faiblit à aucun moment, suivant de près un énigmatique chirurgien plastique aux méthodes révolutionnaires qui tente par tous les moyens de greffer un nouveau visage à son fille, victime d'un accident l'ayant intégralement défigurée. Parallèlement à cela, nous suivons deux inspecteurs de police (Alexandre Rignault et un jeune Claude Brasseur, fils de Pierre) mener leur enquête quant à l'identité de ce dérobeur de jeunes filles qui sévit dans la région.
Finalement assez court malgré ses 90 minutes, Les Yeux sans visage se suit sans dépérir, Franju délivrant un film intensif, hypnotique par moments et porté par des séquences à l'époque incroyablement choquantes que les kids d'aujourd'hui, nourris aux torture porns, ne peuvent être surpris. Novateur, couillu et élégant, un long-métrage important dans le cinéma français qui mérite amplement sa place au panthéon du film de genre.