Le premier film d'horreur FRANCAIS ! (analyse et critique)

Les Yeux sans Visage de Georges Franju a été et reste une source d'inspiration pour de grands films du même genre comme par exemple Halloween de John Carpenter (inspiration du masque) ou même dans d'autres films considérés comme cultes mais qui s'écartent du genre de l'épouvante comme Face Off de John Woo (inspiration du découpage du visage).

L'histoire commence avec une femme jetant un cadavre dans un lac sans qu'on sache clairement dans quel contexte. On y suit donc ensuite une espèce de savant fou chirurgien simulant la mort de sa fille car son visage complètement défiguré l’empêche de sortir dehors. Elle utilise donc un masque pour qu'on ne voit pas son visage. ( À noter que le masque crée en nous une sorte de perturbation car on a l'impression que ses yeux sont la seule chose restante de son visage ).

Son père décide donc de capturer une jeune fille et de lui retirer son visage pour le greffer sur la tête de sa fille et si le résultat échoue il recommencer coup après coup. Le réalisateur utilise le fait que les filles se ressemblent à peu près toutes pour que le savant fou puisse tenter de multiples expériences sans limites, ce qui est assez bien vu.

Une des expériences finit par fonctionner, ou presque... (car le visage finira par s’abîmer). Mais le cobaye s'échappe de sa prison et se suicide (allez savoir pourquoi). Maintenant qu'elle a un visage, la fille essaie de recontacter son époux qui la croyait morte. Elle prononce son nom, il la reconnaît et en reste bouche bée.

La fille pense donc pouvoir retrouver son ancienne vie mais son père refuse qu'elle sorte car son visage va bientôt pourrir.

L'époux de la fille étant policier, la police finit par mener une enquête sur les disparitions. Il est désormais persuadé que sa femme est vivante. Le début des emmerdes commence !

L'idée générale de ce film est plutôt intéressante et novatrice pour l'époque.

Je repense à la scène entre le chirurgien et son assistante : elle le remercie de lui avoir à elle aussi donné un visage. On retrouve donc souvent la notion d'identité en rapport avec le fait d'avoir un visage que je trouve très intéressante. Le réalisateur utilise pleins d'éléments de mise en scène souvent vus et revus (peut être pas encore à cette époque) mais toujours aussi efficaces. La musique est très bien travaillée et nous met dans l'ambiance du film dès les premières secondes (je reconnais que c'est un de mes éléments préférés du film).

Pierre Brasseur est excellent et nous horrifie autant qu'il nous transmets des émotions tel que la haine ou la pitié (un peu comme Peter Lorre dans M le Maudit). La scène du découpage est intense et malgré le coup de vieux que le film a pris elle réussi à encore nous angoisser, pour la simple et bonne raison qu'elle dure 5 MINUTES ! (Pour l'anecdote cette scène avait été censurée à l'époque).

MAIS !

Je dois reconnaître que beaucoup d'éléments m'ont dérangés ou semblés dénués de sens ou d’intérêt .

Premièrement : La fille sans visage ne supporte plus d'attendre que son père échoue encore et encore de lui greffer un visage. Elle répète à plusieurs reprises qu'elle veut mourir....

OK... Tu habites littéralement dans un manoir à plusieurs étages tu ne peux pas juste monter et sauter comme la cobaye l'a fait ?

Le début et la fin du film sont pour moi très intéressants, mais le milieu avec l'histoire des policiers est très lente, longue et dénuée d’intérêt car elle n’aboutit à rien.

Le film a peut être pris un coup de vieux, je ne lui en veux pas, mais la scène ou elle finit par tuer l'assistante du chirurgien est tellement rapide et mal faite que j'ai pas pu m'empêcher de rire nerveusement.

Ou même celle du chirurgien, quand elle libère les chiens (servant eux aussi de cobayes ) pour qu'ils dévorent son père, j'ai juste l'impression de voir la scène de l'ours dans The Revenant en moins expressif ...

Conclusion : Ce film est pour moi une série de mitigation car l'idée est intéressante mais le scénario peut paraître idiot ou insensé cela peut donc être difficile de rentrer dedans .

Il est aussi très lent dans toutes les séquences, mais il reste intéressant ; car même si le concept est vu et revu ou le scénario dérangeant, il a inspiré de grands classiques grâce à de nombreuses scènes marquantes qui ont inspiré de grands réalisateurs ou metteurs en scène.

Ce qui en fait un film culte qui manque parfois cruellement de cohérence.

Seigyo
7
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le 20 janv. 2024

Critique lue 38 fois

Seigyo

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