Bénéficiant d'une excellente réputation dans le milieu scientifique, le professeur Génessier souhaite rendre à sa fille une apparence normale suite à un accident de voiture dont il est responsable. Avec son assistance dont il a déjà refait avec succès le visage, il est prêt à tout pour parvenir à ses fins...
D'une sobriété exemplaire, Georges Franju instaure peu à peu un climat inquiétant et cauchemardesque. L'horreur est omniprésente que ce soit à travers les actes du docteur ou les visages marqués par ses coups de scalpel. La présence de sa fille, souvent fantomatique à travers son masque blanc où ses yeux expriment sa détresse, apporte une touche humaine et de tristesse face à lui.
George Franju hérite d'un excellent et efficace scénario. Il met en scène des personnages intrigants, tout comme les relations qu'ils entretiennent et les rend intéressant. Plusieurs scènes sont marquantes et d'un seul regard, il peut faire ressortir l'émotion des personnages, que ce soit la détresse, la peur ou la cruauté. Il laisse souvent l’ambiguïté sur les enjeux et personnages et plus particulièrement celui de Louise, la secrétaire du Dr Génessier.
Les yeux d'Édith Scob sont inoubliables, comme la prestation de Pierre Brasseur dans le rôle du docteur Génessier. La bande originale est aussi excellente, sachant se faire discrète lorsqu'il le faut pour mieux réapparaître par la suite.
Les films fantastiques français sont finalement assez rares et c'est bien dommage, surtout lorsqu'on le voit la réussite de "Les yeux sans visages" où Franju fait preuve d'une brillante maîtrise derrière la caméra et crée une atmosphère de plus en plus inquiétante.